L'art de la rencontre inuite/non-inuite dans le milieu de la santé à Montréal
Thesis or Dissertation
2018-12 (degree granted: 2020-03-25)
Author(s)
Level
DoctoralDiscipline
Sciences humaines appliquéesKeywords
- Inuit
- sécurité culturelle
- autoethnographie
- décolonisation
- art-thérapie
- Aboriginal
- health system
- cultural safety
- autoethnography
- decolonization
- art therapy
- recherche-création
- art participatif
- système de santé
- participative art
- research-creation
- Autochtone
- Sociology - Organizational / Sociologie - Sociologie des organisations (UMI : 0703)
Abstract(s)
De plus en plus d’Inuits du Nunavik sont transférés à Montréal pour leurs soins de santé et font face à un système régulier souvent décrit comme non sécuritaire et inadéquat au contexte nordique. Plusieurs conditions macrosystémiques comme l’historique colonial, les préjugés, le racisme et la discrimination compromettent la sécurité culturelle des Autochtones. Or chaque rencontre est porteuse du potentiel de transformer cette expérience d’un point de vue relationnel et systémique. Comment soutenir l’émergence de ce potentiel transformateur et quelles sont les conditions qui l’entravent? Plusieurs ont suggéré que l’art pourrait remettre en question des habitudes et favoriser un pouvoir affectif mobilisateur. Considérant la complexité et la sensibilité de la rencontre inuite/non-inuite dans ce contexte, ce projet de recherche vise à documenter le processus de cette rencontre basé sur une pratique créatrice auto-ethnographique. Les objectifs spécifiques sont : 1) d’identifier les étapes et les transformations vécues au fil de mes rencontres avec des Inuits au Module du Nord Québécois (MNQ, maintenant nommé Ullivik), basées sur la pratique artistique et 2) d’explorer les conditions systémiques, relationnelles et personnelles qui ont pris part dans ces rencontres basées sur la pratique artistique. Pendant six mois j’ai animé des ateliers non-dirigés de dessin, peinture, estampe et crochet au MNQ qui héberge les Inuits venant du Nunavik pendant leurs soins à Montréal. J’ai aussi développé une installation participative sur un an et demi au MNQ et à l’université afin d’identifier des habitudes systémiques culturelles dans les rencontres. L’installation a pris la forme de deux panneaux d’aciers suspendus, sur lesquels des tissus et des ficelles ont été aimantées. Les notes terrains et les œuvres effectuées au cours du projet doctoral ont servi de matériel d’analyse. Inspirée par l’approche non-représentationnelle, je réfléchis sur les processus de la rencontre, ainsi que sur le potentiel de transformation dans les interactions. Deux passages ont été particulièrement marquants dans mon processus, me donnant l’impression de perdre la face au niveau scientifique et artistique, dans un terrain nouveau et anxiogène: la reconnaissance du silence dans ma pratique artistique, mais aussi dans ma famille entourant les deux Guerres Mondiales en Europe, puis un passage au sol de l’œuvre, déstabilisant mes représentations de la hiérarchie en passant du deux dimensions aux trois dimensions. Ces passages ont été analysés dans leur implication sur mes rencontres au MNQ. La notion de perdre la face a mené vers une analyse Goffmanienne des rencontres, puis en faisant des liens entre la microsociologie, la micropolitique, et des contextes macrosystémiques dans un champ relationnel, par l’affect. L’analyse du processus et l’analyse des interactions ont permis de réfléchir les allers-retours entre non-représentations et représentations, soient les moments d’ouverture aux possibilités créatrices dans la rencontre, et les moments de fermeture ou de tendance aux stéréotypes et aux généralisations. Ces réflexions sont ramenées dans le contexte des soins de santé pour repenser l’intervention en santé avec des Inuits. More and more Inuit from Nunavik are being transferred to Montreal for health care and face a regular system that is often described as unsafe and inadequate in the northern context. Several macro systemic conditions such as colonial history, prejudice, racism and discrimination compromise Aboriginal cultural safety. However, each encounter has the potential to transform this experience from a relational and systemic point of view. How can we support the emergence of this transformative potential and what are the conditions that hinder it? Several suggested that art could challenge habits and foster emotional mobilizing power. Considering the complexity and sensitivity of the Inuit/non-Inuit encounter in this context, this research project aims to document the process of this encounter based on an auto-ethnographic creative practice. The specific objectives are: 1) to identify the phases and transformations experienced during my encounters with Inuit at the Northern Quebec Module (NQM, now called Ullivik), based on artistic practice and 2) to explore the systemic, relational and personal conditions that took part in these encounters based on artistic practice. For six months I facilitated non-directed drawing, painting, printmaking and crochet workshops at the NQM which houses Inuit from Nunavik during their care in Montreal. I also developed a participatory installation over a year and a half at the NQM and the university to identify systemic cultural habits in the encounters. The installation took the form of two suspended steel panels, on which fabrics and strings were magnetized. The field notes and works produced during the doctoral project were used as analytical material. Inspired by the non-representational approach, I reflect on the processes of the encounter, as well as on the potential for transformation in interactions. Two moves were particularly striking in my process, giving me the impression of losing face at the scientific and artistic level, in a new and anxious terrain: the recognition of silence in my artistic practice, but also in my family surrounding the two World Wars in Europe, then a move of the work on the floor, destabilizing my representations of the hierarchy by moving from two to three dimensions. These moves were analyzed in their implication on my encounters at the MNQ. The notion of losing face led to a Goffmanian analysis of encounters, then making links between microsociology, micropolitics, and macro systemic contexts in a relational field, through affect. The analysis of the process and the analysis of interactions made it possible to reflect on the back and forth between non-representations and representations, i.e. moments of openness to creative possibilities in the encounter, and moments of closure or tendency to stereotypes and generalizations. These reflections are brought back into the context of health care to rethink health intervention with Inuit.
Note(s)
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