Souveraineté(s) du littéraire? L'agir textuel et la question de l'exception : l'exemple de Bernard-Marie Koltès
Thèse ou mémoire
2019-05 (octroi du grade: 2019-10-30)
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Cycle d'études
DoctoratProgramme
Littératures de langue françaiseRésumé·s
Cette thèse propose une réflexion théorique à partir du concept de souveraineté et, plus précisément, de la notion d’exception qui est au centre d'une des tentatives les plus canonique de sa définition, celle de l’Allemand Carl Schmitt dans Théologie politique: «Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle.» Nous commençons par y mettre en lumière certaines des relectures les plus marquantes de ce texte qui, tout au long du XXe siècle, s’établissent en un réseau de commentaires pensant le pouvoir, ses sources et les formes de ses manifestations mais aussi, encore qu’à distance, l’évolution d'une réflexion sur les politiques de la littérature et le type spécial de performativité rendu possible par le littéraire (en particulier ici: Walter Benjamin, Jacques Derrida, Giorgio Agamben, Peter Sloterdijk, Gilles Deleuze). Dans un second temps, la thèse fait sienne une perspective large (ancrée dans les études littéraires mais qui ne quitte pas les parages de la philosophie et de la théorie critique) pour analyser l’œuvre de Bernard-Marie Koltès choisie comme terrain d’exploration et de mise à l’essai des hypothèses du premier pan de la réflexion. En plus de participer à l’accroissement des connaissances quant à cette dernière œuvre (et plus particulièrement les textes dits «de jeunesse», sensiblement moins abordés par la critique), la thèse alimente une discussion en cours dans les études littéraires aujourd’hui en constatant, à son tour mais depuis un point de vue qui lui est propre, qu’en régime contemporain la question d’un agir social ou politique du texte littéraire dépasse largement l’interrogation sur les formes de l’engagement et peut moins que jamais se résoudre dans la seule figure théorique d'une relation stable entre des instances décisionnelles abstraites négociant, par et dans des énoncés de langage, le déploiement concret d’une action dans le monde. This thesis proposes a theoretical reflection based on the concept of sovereignty and, more precisely, on the notion of exception which is at the center of one of the most canonical attempts of its definition, that of the German Carl Schmitt in Political Theology: “Sovereign is he who decides on the exception.” We begin by studying some of the most important readings of this text established, throughout the twentieth century, in a network of comments thinking about power, its origins and the forms of its manifestations but also, even though at a distance, about the evolution of a reflection on the politics of literature and the special type of performativity made possible by the literary (in particular here: Walter Benjamin, Jacques Derrida, Giorgio Agamben, Peter Sloterdijk, Gilles Deleuze). Then, the thesis takes a broad perspective (rooted in literature but not leaving the area of philosophy and critical theory) to analyze the work of Bernard-Marie Koltès (and more particularly the so-called texts of “youth,” much less studied). Hence the thesis aims to feed a long lasting argument within the literary studies as it notes, in its turn, but from its very own point of view, that in contemporary times the question of social or political action of the literary text goes far beyond the questioning of the forms of engagement, and can less than ever be solved solely in the theoretical figure of a stable relation between abstract decision-making bodies negotiating, by and in statements of language, the concrete deployment of an action in the world.
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