Rapport au travail et dynamique de transformation du métier d'ingénieur dans le contexte algérien: le cas de l'entreprise Sonatrach
Thèse ou mémoire
2007-12 (octroi du grade: 2008-02-07)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
SociologieRésumé·s
Cette recherche a pour objet l'étude de la dynamique de transformation du métier d'ingénieur dans le contexte algérien saisi à travers le rapport au travail. Elle repose sur une approche théorique s'inspirant d'une sociologie des groupes professionnels avec une démarche alliant méthodes quantitatives et qualitatives. Prenant appui sur des données recueillies à l'aide d'un questionnaire et d'entretiens approfondis menés dans Sonatrach, la plus grande entreprise d'Algérie, notre étude s'est attachée à faire ressortir les facteurs qui agissent au niveau individuel, organisationnel et sociétal sur les pratiques professionnelles pour deux générations d'ingénieurs. La première a eu pour mission de bâtir le pays à travers les grands projets de développement qui ont caractérisé la période après l'indépendance. La deuxième est arrivée sur le marché de l'emploi, à la fin des années 80, dans un contexte de crise et a payé un lourd tribut à la détérioration de la conjoncture économique.
Les pratiques professionnelles se construisent tout d'abord dans le travail, mais aussi dans l'exercice des activités quotidiennes, les relations avec les autres et enfin la satisfaction à l'égard du travail. Tels ont été les points focaux de notre démarche d'explicitation du rapport au travail chez nos ingénieurs. Nous avons mis en lumière l'effet de la position hiérarchique au sein de l'organisation et des types de fonction. La satisfaction tient de la fierté d'appartenir à une entreprise prestigieuse. Chez les jeunes, elle s'exprime aussi dans les avantages matériels et une vision du métier fondée sur la maîtrise technique. Les plus âgés, encore marqués par l'idéologie nationaliste, mettent l'accent sur la participation à l'édification du pays, mais aussi sur la réalisation de soi et la fidélité à l'entreprise.
Le rapport au travail s'élabore également au fil du temps dans son cheminement professionnel. Nous l'avons abordé, dans une deuxième étape, en documentant les processus d'intégration et de mobilité au sein de l'entreprise. Les trajectoires professionnelles sont régies par des politiques et des procédures de gestion qui en définissent les modalités, mais elles obéissent également à des opportunités et à des pratiques informelles qui jouent un rôle tout aussi important dans la détermination des profils de carrière.
Enfin, le rapport au travail est tributaire de facteurs qui dépassent le cadre de l'entreprise. Dans une troisième étape, nous avons analysé les transformations du système éducatif et leur impact sur la certification des ingénieurs, la crise économique et ses effets en termes de chômage et de précarité et enfin la montée du discours religieux et ses manifestations chez les ingénieurs. Ces facteurs liés au contexte sociétal modifient les représentations et modèlent les attitudes et comportements au travail et à l'égard de celui-ci.
Comme le montre notre recherche, le rapport au travail articule, dans une composition complexe, parcours individuels et histoires collectives vécus dans des environnements en évolution. La pratique d'un métier se trouve liée aux différents contextes de socialisation qui traversent les individus. Elle se situe, dans le cas algérien, au croisement d'une formation scientifique et technique qui montre peu de réactivité aux besoins mouvants de l'opérateur économique qu'elle est censée satisfaire, d'une entreprise bureaucratique dans son organisation et dans son fonctionnement où le contournement des règles peut s'ériger en principes de gestion et enfin d'un contexte sociétal qui oscille entre modernité et tradition. Cette dernière est réinterprétée de manière orthodoxe par les mouvements religieux en action dans la société. Ainsi, les ingénieurs investis initialement d'une mission de développement et considérés alors comme "vecteur de modernité" connaissent une détérioration de leur statut et la crise touche la profession vécue cependant différemment selon les générations. The subject of this study is the dynamic of transformation in the field of engineering
in Algeria. It is based on theoretical approaches from the sociology of professional groups
and combines quantitative with qualitative methods. Using data gathered with the help of a
questionnaire and in-depth interviews at Sonatrach, Algeria’s largest company, the goal of
my study is to shed light upon the factors that come into play at the individual,
organizational, and societal level in the professional practices of two generations of
engineers. The first generation build the large infrastructure projects of the postindependence
period, whereas the second arrived on the job market at the end of the 1980s,
a period of crisis, and suffered from the downturn in the economic cycle.
Business practices consist in activities at work, other everyday activities,
relationships with others and finally job satisfaction. These were the focal points in my
effort to explain the relation of job satisfaction in the engineers of the study group. I
highlighted the effect of one’s place in the hierarchy and the kinds of duties carried out.
There is satisfaction in working for and belonging to a prestigious company. Younger
engineers also obtain satisfaction from technical know-how. Older engineers, more
influenced by nationalist ideology, emphasized building the country, but also selfrealization
and loyalty to the company.
An engineer’s relation to the job can also change over time with regard to career
development. In a second section, I documented the processes of integration and of
mobility within the company. Professional trajectories are governed by policies and
management procedures that define their modalities, yet they are equally subject to
opportunities and informal practices that play an equally important role in determining the
shape of careers.
Finally, the relation to work is influenced by factors outside the company itself. In
this third part of the study, I analyse the transformations of the educational system and their
impact on the certification of engineers, the economic crisis and its effect in terms of
joblessness and job insecurity, and finally the rise of religious discourse and its
manifestations among engineers. These factors connected to the societal context modify
some representations and affect the attitudes and behaviors both at work and toward work.
My research shows that the relation to work, articulates, in a complex composition,
individual trajectories and collective histories lived in environments in flux. The practice of
a profession is connected to various contexts of socialization that individuals go through.
In the Algerian example, it is at the point of contact between education and technical
training that show little responsiveness to the economic operator’s changing needs that it is
supposed to satisfy, a company that it is bureaucratic in its structure and functioning in
which contravening regulations can become a principle of management, and finally, a
societal context oscillating between modernity and tradition. As for this societal context,
religious movements have reinterpreted as action in society. Engineers who were initially
meant to carry out a development mission and considered as vectors of modernity thereby
see their status diminished and there is a crisis in the profession, which is experienced
differently, from one generation to the next.
Ce document diffusé sur Papyrus est la propriété exclusive des titulaires des droits d'auteur et est protégé par la Loi sur le droit d'auteur (L.R.C. (1985), ch. C-42). Il peut être utilisé dans le cadre d'une utilisation équitable et non commerciale, à des fins d'étude privée ou de recherche, de critique ou de compte-rendu comme le prévoit la Loi. Pour toute autre utilisation, une autorisation écrite des titulaires des droits d'auteur sera nécessaire.