Une route à soi : représentations et récits de fugitives de la Belle Époque à la Seconde Guerre mondiale
Thèse ou mémoire
2018-10 (octroi du grade: 2019-03-13)
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Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
Littératures de langue françaiseRésumé·s
Entre la Belle Époque et la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux moyens de transport (bicyclette, automobile, avion) s’imposent tour à tour dans le paysage des grandes métropoles occidentales. S’ils apparaissent, pour les contemporains, comme une réponse à un désir de liberté et de vitesse, ils soulèvent également la critique lorsqu’ils se retrouvent entre les mains des femmes, qui n’ont pas tardé à s’approprier ces symboles du progrès technologique. Dans le discours de l’époque, les outils de locomotion sont le plus souvent associés au masculin, en raison des liens privilégiés qu’ils entretiennent avec les grands thèmes et phénomènes de la modernité, mais aussi parce que l’expérience qu’ils proposent se joue dans l’espace public. En les employant, les pionnières de la locomotion rapide dérogent aussi aux attentes sociales et sexuées, ce qui a pour effet d’exacerber les angoisses liées à l’émancipation féminine. En conséquence, les cyclistes, les automobilistes et les aviatrices sont fréquemment rapprochées d’une autre figure controversée, la « femme moderne ».
S’intéresser aux fugitives, c’est-à-dire aux femmes ayant profité d’une forme de mobilité individualisée, permet de repenser la définition qui a été donnée de la « femme moderne », celle-ci ayant rarement été interrogée dans ses rapports à la technique. Cette réévaluation se fait à partir de l’étude des représentations littéraires, iconographiques et cinématographiques des fugitives produites au début du XXe siècle, mais aussi des récits écrits par des femmes-auteurs ayant elles-mêmes fait l’expérience des transports. À travers cette étude, il est possible de retracer l’imaginaire de la fugitive, soit la manière dont cette figure a été perçue, imaginée, pensée et mise en scène à son époque et de voir, dans une perspective générale, comment elle participe à la reconfiguration du « féminin », sujet qui est plus que jamais d’actualité au tournant des XIXe et XXe siècles. Major Western metropolises saw the birth of multiple new modes of transportation (bicycles, cars and airplanes) during the years between the Belle Époque and the Second World War. Whilst they appeared, for contemporaries, to satisfy a need for speed and freedom, they have also been criticized when women seized those symbols of technological progress. At the time, transportation methods were strongly associated with masculinity due to their ties with modernity and their use in the public space. By using them, female cyclists, motorists and aviatrix then transgressed societal and sexual norms and were often related to the female emancipation phenomenon and the modern woman figure.
By focusing on female users of those vehicles, which we call fugitives, we will redefine the term « modern woman », as it has rarely been seen through the prism of technical abilities. This reformulation will be grounded, on one part, on the literary, visual and cinematographic representations of the fugitives and on the other part on texts written by female writers having experienced new modes of transportation. This study will define the fugitive’s imaginary ; the way she was perceived and staged in her day and how it participated in a reconfiguration of the feminine identity, a topic of great interest in the early 20th century.
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