Abstract(s)
De plus en plus d’enseignants formés hors Québec intègrent les écoles québécoises. Ils y découvrent un contexte
de travail très différent de celui où ils ont exercé précédemment. Cet écart est constitué ici comme observatoire
d’une nouvelle socialisation aux manières de faire le métier, qui se réalise sur le terrain et par la pratique, pendant
leurs premières expériences. Mobilisant une sociologie interactionniste des professions pour étudier cette
socialisation en contexte de travail, nous avons conduit une recherche centrée sur leurs expériences d’enseignant
dans leur pays d’accueil, en accordant une attention serrée à leurs interactions quotidiennes avec les membres de
leur écologie professionnelle. Quatre enseignants formés hors Québec et certains de leurs partenaires de travail
ont participé à des entretiens individuels et collectifs. L’analyse de ceux-ci a permis de dégager deux types de
processus de socialisation. Chacun est associé à des acteurs privilégiés, mais non exclusifs : l’un procède par
imposition de nouvelles manières de faire sous la pression d’acteurs dépositaires de capacités de sanction, l’autre
procède par adhésion à de nouvelles manières de faire résultant de l’accompagnement d’acteurs qui transmettent
des significations. L’explicitation de ces processus et l’analyse de leurs variations locales nous conduisent à discuter
de la forte relation entre la socialisation professionnelle des enseignants formés hors Québec et les propriétés des
contextes dans lesquels ils travaillent, incluant l’engagement de leurs partenaires. Finalement, cela met en exergue
la fragilité de cette socialisation.