Abstract(s)
Si la philosophie comme doctrine de la sagesse (Weisheitslehre) vise à porter au
jour les fins essentielles de l’humanité, une telle doctrine ne peut aux yeux de Kant être secrète
(Geheimlehre). Au contraire, elle doit être communicable et communiquée. Dans son essai de
1796 « D’un ton supérieur nouvellement pris en philosophie », Kant mentionne, entre autres,
deux manières de philosopher en maintenant le secret : il songe au philosophus per initiationem
et au philosophus per inspirationem. Sur ce dernier cas, à savoir l’inspiration reposant sur le
sentiment, Kant s’est amplement expliqué à l’occasion de la Querelle du panthéisme (1786) et il
revient ici sur ce thème en prenant pour cible Schlosser. Mais il est peu disert sur son opposition
aux approches qui, comme celles des loges maçonniques, réservent la vérité aux initiés. Dans
cette communication, j’examine les réticences de Kant face aux sociétés secrètes à la lumière de
son concept d’espace public.