Les justes bornes de la richesse : fondements normatifs et mise en œuvre d’une richesse maximale
Thèse ou mémoire
2017-04 (octroi du grade: 2018-06-19)
Auteur·e·s
Cycle d'études
DoctoratProgramme
PhilosophieMots-clés
- Philosophie
- Richesse maximale
- Revenu maximal
- Capital maximal
- Justice distributive
- Limitarisme
- Libertarisme
- Suffisantisme
- Prioritarisme
- Incitations
- Philosophy
- Maximum wealth
- Maximum income
- Maximum capital
- Distributive justice
- Limitarianism
- Libertarianism
- Sufficientarianism
- Prioritarianism
- Incentives
- Philosophy / Philosophie (UMI : 0422)
Résumé·s
Dans cette thèse, je tente d’établir les fondements normatifs d’une richesse maximale qui comprend deux mesures complémentaires : un revenu maximal qui peut être mis en œuvre au moyen d’un impôt sur le revenu et un capital maximal, au moyen d’un impôt sur les successions, dont le taux marginal est de 100 % dans les deux cas. Je soutiens en effet qu’une telle mesure est juste, puisqu’elle respecte les principes développés au sein de trois théories principales : le libertarisme, le suffisantisme et le prioritarisme. Puis, je soutiens aussi qu’une telle mesure est efficace d’un point de vue économique, puisqu’elle permet de mieux diffuser les incitations financières, ce qui peut avoir des effets positifs sur la production et la répartition de la richesse.
D’abord, je soutiens qu’une richesse maximale respecte le principe fondamental défendu par les libertariens, c’est-à-dire la propriété de soi. Pour ce faire, je m’appuie surtout sur deux arguments : le proviso et la théorie des marchés où le gagnant rafle la mise. D’abord, je montre que si l’on associe les ressources naturelles au capital, l’application d’un proviso au principe d’acquisition interdit l’appropriation illimitée des ressources naturelles, ce qui permet de justifier un capital maximal. Ensuite, je montre que si l’on associe les fruits du travail au revenu, les marchés où le gagnant rafle la mise permettent à certains individus de recevoir des revenus qui sont supérieurs aux fruits de leur travail, ce qui viole par excès le principe de la propriété de soi et permet de justifier un revenu maximal.
Ensuite, je soutiens qu’une richesse maximale respecte les principes développés au sein de deux théories faisant partie de la tradition égalitariste : le suffisantisme et le prioritarisme. Pour ce faire, je montre que ces deux théories ne sont acceptables que si elles intègrent une autre théorie que l’on appelle le limitarisme. Selon cette théorie, toute richesse supérieure à celle dont un individu a besoin pour s’épanouir pleinement dans la vie peut être qualifiée d’immorale. Par conséquent, une telle théorie permet de justifier une richesse maximale, puisqu’elle ajoute un seuil de richesse au seuil de pauvreté que défendent déjà les suffisantistes et les prioritaristes.
Enfin, je réponds à l’une des principales objections qui peuvent être soulevées contre une richesse maximale et qui porte sur l’efficacité économique du plafonnement des incitations financières. Je montre en effet qu’une richesse maximale, contrairement à ce que l’on pourrait croire, pourrait avoir des effets positifs sur la production et la distribution de la richesse. Pour ce faire, je m’appuie surtout sur trois arguments. D’abord, les incitations ont une importance surestimée en sciences économiques. Ensuite, il existe plusieurs formes d’incitations qui ne se réduisent nullement aux seules incitations financières. Enfin, il est préférable de diffuser largement les incitations financières plutôt que de les concentrer exagérément auprès d’une minorité d’individus. In this thesis, I try to establish the normative foundations for a maximum limit on wealth that includes two complementary measures: a maximum on income that can be implemented by means of an income tax, and a maximum on capital, which can be attained through a tax on inheritance; the marginal rate being 100% in both cases. Indeed, I argue that such a measure is fair, since it respects the principles developed in three main theories: libertarianism, sufficientarianism, and prioritarianism. Next, I argue that such a measure is economically efficient, since it allows to better spread financial incentives, which can have positive effects on the production and distribution of wealth.
First, I maintain that a maximum limit on wealth respects the fundamental principle defended by libertarians, that is, self-ownership. To do this, I rely mainly on two arguments: the proviso and the theory of winner-takes-all markets. First, I show that if we associate natural resources with capital, the application of a proviso to the principle of acquisition prohibits the unlimited appropriation of natural resources, which justifies a maximum on capital. Then, I show that if the fruits of labor are associated with income, winner-takes-all markets allow certain individuals to receive incomes that are superior to the fruits of their labor, which violates the principle of self-ownership, and thus justifies a maximum on income.
Secondly, I maintain that a maximum wealth respects the principles developed within two theories within the egalitarian tradition: those of sufficientarianism and prioritarianism. To do this, I show that these two theories are acceptable only if they integrate another theory named limitarianism. According to this theory, any wealth superior to that which an individual needs to live a flourishing life can be qualified as immoral. Consequently, such a theory makes it possible to justify a maximum wealth, since it adds a wealth threshold to the poverty threshold already defended by sufficientarians, and prioritarians.
Finally, I respond to one of the main objections that can be raised against maximum wealth and which deals with the economic efficiency of the capping of financial incentives. In fact, I show that maximum wealth, contrary to what one might believe, could have positive effects on the production and distribution of wealth. To do this, I rely mainly on three arguments. First, incentives are overestimated in economics. Second, there are several forms of incentives that are not limited to financial incentives alone. Finally, it is preferable to disseminate financial incentives widely rather than to exaggeratedly concentrate them on a minority of individuals.
Note·s
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