Enjeux culturels et identitaires de la traduction d'oeuvres turques en grec moderne
Thèse ou mémoire
2017-12 (octroi du grade: 2018-06-19)
Auteur·e·s
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
TraductionMots-clés
- Traduction littéraire
- Communautés imaginées
- Traduction et identité
- Traduction et devoir de mémoire
- Habitus du traducteur
- Literary translation
- Imagined communities
- Translation and identity
- Translation and duty of memory
- Translator's habitus
- Literature - Middle Eastern / Littérature - Moyen-orientale (UMI : 0315)
Résumé·s
La Grèce et la Turquie partagent une histoire tourmentée marquée par des guerres, des massacres, des échanges de populations et des conflits territoriaux, dont certains se poursuivent aujourd’hui.
Dans les deux pays, les identités nationales se sont construites en relation avec l’image de « l’Autre » en tant que « catégorie vide» (« hollow category ». Theodossopoulos 2007). En Grèce, en particulier, le «Turc » est souvent vu comme l’ennemi ancestral, « par essence » différent de « nous ». Même si des récits (Baker 2006) « progressistes » et « multiculturalistes » sont présents en Grèce, des récits nationalistes et conservateurs y ont cours dans une grande partie de la société, alimentant les thèses d’un parti d’extrême droite virulent tel l’Aube dorée. Le tournant autoritaire du parti AKP d’Erdoğan et les effets sociaux de l’humiliation collective infligée à la population grecque par la crise en cours compromettront-ils un mouvement de « rapprochement » fragile, mais réel, entre certaines sphères des deux sociétés ?
Depuis deux décennies, la littérature turque occupe une place relativement stable, quoique modeste, dans la littérature traduite en Grèce. Quels récits transmettent ces œuvres littéraires ? Quelle image de l’Autre et du passé commun turco-grec véhiculent-elles ? Qui sont leurs traducteurs, et quelle est leur position par rapport à l’« Amitié gréco-turque » ? Est-ce qu’elles et ils créent leur propre récit ?
Au moyen de l’approche ethnosociologique (Bertaux 2010), nous avons recueilli les « récits de vie » d’un groupe prolifique de traducteurs de littérature turque en grec, qui s’est révélé un microcosme de Rum Polites, « Grecs d’Istanbul » installés à Athènes après avoir quitté « Constantinople » il y a quelques décennies. L’étude de leur habitus traductif (Simeoni 1998) a montré que ces traducteurs ont développé une dynamique « stratégie de survie post-Pogroms de 1955 » (Theodoridès 2016) en se faisant experts de la culture linguistique turque et porteurs du devoir de mémoire pour combler une lacune dans le métarécit national, tout en mettant en acte leur propre identité complexe. Greece and Turkey have shared a history tormented by wars, massacres, population exchanges as well as territorial conflicts, some of which continue to this day.
In both countries, national identities have been constructed against the image of the “Other” as an “hollow category” (Theodossopoulos 2007). Particularly in Greece, the “Turk” is often seen as the archenemy who is “by essence” different from “us”. Even though “progressive”, “multiculturalist" narratives (Baker 2006) are heard in Greece, a conservative, nationalistic one is prevalent in a large part of society, allowing for a virulent far-right party such as Golden Dawn to capitalize on a narrative drawing upon racism, islamophobia in particular. Might the authoritarian turn taken by Erdoğan’s AKP party and the social impact of the collective humiliation inflicted to the Greek population by the crisis might impede on a fragile but consistent movement of “rapprochement” between some spheres of both societies?
For the last two decades, Turkish literature has occupied a small, relatively stable place in the sphere of translated literature in Greece. What narratives are conveyed by these literary works? What image of the “Other” and the Turk-Greek common past do they nurture? Who are their translators and what stance do they take with respect to the “Greek-Turkish Friendship”? Do they create a narrative of their own?
Using the ethnosociological approach (Bertaux 2010), we have collected the “life narratives” of a group of prolific translators from Turkish literature into Greek, who proved to be a microcosm of Rum Polites, “Istanbul Greeks” living in Athens after leaving “Constantinople” a few decades ago. The study of their translational habitus (Simeoni 1998) has shown that these translators have developed a dynamic “post-1955 Pogroms survival strategy” (Theodoridès 2016) by becoming experts of the Turkish language-culture as well as carriers of the duty of memory to fill a gap in the national meta-narrative, while enacting their own complex identity.
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