Les mondes du Lindy Hop : appropriation culturelle et politiques de la joie
Thesis or Dissertation
2017-05 (degree granted: 2018-03-21)
Author(s)
Advisor(s)
Level
DoctoralDiscipline
SociologieKeywords
- Danse Jazz
- Appropriation culturelle
- Théorie du point de vue
- Volonté de savoir
- Killjoy
- Politiques culturelles
- Jazz dance
- Cultural appropriation
- Standpoint theory
- Will to knowledge
- Cultural politics
- Sociology - Ethnic and Racial Studies / Sociologie - Études des relations interethniques et des relations raciales (UMI : 0631)
Abstract(s)
Le Lindy Hop et les danses Jazz africaines américaines du début du XXe siècle font aujourd’hui l’objet d’une sous-culture internationale. Leur popularité se nourrit en grande partie de la mise en valeur de leur joie et d’un cadre social hospitalier. Bien que cette culture soit aujourd’hui majoritairement investie par des danseurs non africains-américains, elle bénéficie d’une relation privilégiée avec plusieurs aînés, anciens habitués du Savoy Ballroom de Harlem, le lieu mythique où la danse s’est initialement développée. À leur côté, les processus de recréation, d’actualisation et de transmission de ces danses historiques présentent le terrain complexe d’une appropriation culturelle, celle d’un savoir situé afrocentrique et de la représentation de sa joie inhérente.
À partir du paradigme épistémologique de la théorie critique, féministe et intersectionnelle du point de vue, cette recherche examine la démarche de traduction transculturelle, où le sens des récits des aînés et l’expression de leur affect en viennent à être substitués par des stratégies racialisées d’équivalence et d’identité et des rapports savoir/pouvoir non examinés. L’analyse s’est particulièrement centrée sur une lecture du cadre idéologique de la sous-culture, de sa « volonté de savoir » et du rapport « mythologique » (Roland Barthes) des danseurs à l’histoire et à l’authenticité.
Le terrain s’est défini par une approche interdisciplinaire, multisite, ethnographique et phénoménologique située, représenté par trois études de cas localisées. Une observation participante a eu lieu dans le plus grand rassemblement international annuel de danseurs au Herräng Dance Camp suédois (1). Elle a mis en lumière un système de référence dominant et hégémonique qui perpétue les bases d’une marginalisation sociale et racialisée, malgré l’importance donnée à l’africanité de la danse et la promotion de valeurs d’ouverture, de participation, de communauté et de liberté proactive. Cette communauté culturelle, caractérisée par une volonté libérale de « bonne pratique » sociale, a aussi été le contexte d’émergence de figures « killjoy » (Sara Ahmed) (2) mettant en évidence l’homogénéité sociale structurelle de la sous-culture. L’affirmation féministe noire de ces dernières a également permis de contextualiser et de situer la dynamique politique, raciale, genrée et économique du récit des Anciens et de leur expérience du Harlem Renaissance qui a donné naissance à la danse.
À partir d’une posture éthique et critique contre-hégémonique, soutenue par une articulation de la pensée d’Hannah Arendt et de la théorie postcoloniale, la conclusion de la recherche s’est réalisée autour d’une recherche-action participative dans l’école de danse Cat’s Corner à Montréal (3). Elle a été le terrain d’une remise en cause appliquée d’un système culturel et pédagogique stabilisé par un régime hégémonique de la blanchité. Les résultats se sont concrétisés dans une réforme pédagogique de l’enseignement des danses Jazz, fondée sur une approche plus holistique et non conformiste de leur tradition et sur l’intégration d’une éthique renouvelée de la relation. An international contemporary subculture has formed around the practice of Lindy Hop and the African-American Jazz dances of the beginning of the XXth century. It has gained popularity by its focus on the joy of dancing and a welcoming social environment. Although today this culture is predominantly represented by non African-American dancers, the scene has developed a close relationship with a few elders who used to be regulars at the Harlem Savoy Ballroom, the legendary place where the dance initially flourished. Informed by the lived experience of these elders, the process of reenactment, actualization and transmission of the historic dances is a complex one, involving the cultural appropriation of afrocentric situated knowledge as well as the representation of its joyful nature.
Adopting the standpoint theory paradigm with an intersectional approach, this dissertation examines the processes of transcultural translation through which the elders’ narrative and their politics of emotion are substituted with an altered meaning. The cultural dynamic involves racialized strategies of equivalence and identity and an unexamined power/knowledge relation. The analysis focused on the ideological foundation of the subculture, the foucaldian “will to knowledge” and the dancers’ “mythological” (Roland Barthes) relationship with history and cultural authenticity.
Drawing on an interdisciplinary approach and a situated phenomenology, three case studies were conducted through a multi-site ethnography. A participant observation was carried at the Swedish Herräng Dance Camp (1), the biggest international annual gathering of dancers. Despite the importance given to the Africanist origins of the dance and the promotion of liberal values like openness, participation, community and proactive freedom, the investigation highlighted a dominant and hegemonic reference system that perpetuates the basis of a social and racialized marginalization. This cultural community, characterized by an attention to “good practice”, was also the context for the emergence of “killjoys” (Sara Ahmed) (2) highlighting the structural social homogeneity of the subculture. The Black feminist claim of these “killjoys” also pointed to the need to contextualize and situate the political, racialized, gendered and economic dynamic of the elders’ narrative in their experiential account of the Harlem Renaissance that gave birth to the dance.
Ultimately, this dissertation sought to posit an ethical and counter-hegemonic critical standpoint, articulating the political thought of Hannah Arendt and postcolonial theory. Throughout its process of analysis, a participative action research was carried out at the Montreal’s Cat’s Corner Swing Dance School (3). It led to collectively challenge the pedagogical conventions of the dance rooted in the hegemonic order of whiteness. The results of which formed around the beginning of an extensive educational reform, founded in a more holistic and open approach to the tradition of the dance and in a renewed ethic of care.
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