Ce que la polémique fait aux œuvres : une étude en trois temps de controverses dans l'art contemporain
Thèse ou mémoire
2017-08 (octroi du grade: 2018-05-10)
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
Histoire de l'artMots-clés
Résumé·s
Souvent reléguées aux marges de l’histoire de l’art, les controverses n’en ont pas moins un effet éminemment transformateur : elles font quelque chose aux œuvres. Consacrée à l’étude de polémiques récentes touchant des œuvres d’art contemporain, cette thèse met en lumière ce qui naît de ces conflits, à savoir de nouveaux objets, de nouveaux acteurs et de nouveaux modes opératoires. L’analyse s’articule autour de trois cas : la censure du film « A Fire in My Belly » (1986-1987) de David Wojnarowicz à la National Portrait Gallery de Washington, D.C. en 2010, le blanchiment d’une murale du street artist Blu réalisée au Museum of Contemporary Art de Los Angeles la même année et, enfin, la destruction de « Dialogue avec l’histoire » (1987) en 2015, œuvre d’art public conçue par Jean Pierre Raynaud pour la Place de Paris à Québec. Ces controverses signalent la mise en place d’une dynamique inédite quant au rôle exercé par la circulation d’images dans le développement des polémiques : ces reproductions, disséminées de manière soutenue dans le web, et plus généralement à travers différentes déclinaisons de l’espace public, infléchissent les trajectoires des œuvres. Ceci leur procure non seulement une visibilité accrue, mais leurs modes d’existence s’en trouvent par conséquent modifiés, les œuvres vivant pour ainsi dire par l’entremise d’images fixes ou animées qui prolifèrent en ligne. Prenant appui sur la conception pragmatiste des publics (Dewey), de même que sur la sociologie de l’acteur-réseau et les théories de la médiation, nous étudions par ailleurs la formation de collectifs nés conjointement à cette dissémination d’images « virales ». Des acteurs impliqués dans les controverses, qu’il s’agisse d’artistes ou d’activistes, entreprennent notamment de faire réapparaître les œuvres censurées ou disparues sous diverses formes, incluant des répliques, des œuvres dérivées ou encore des mèmes Internet. Nous démontrons que ce phénomène de réappropriation, inexistant lors de polémiques artistiques antérieures aux années 2010, est lié aux dynamiques de partage apparues avec le « web 2.0 ». While they are often relegated to the margins of art history, controversies nevertheless have an eminently transformative effect : they do something to artworks. Devoted to the study of recent debates surrounding contemporary works, this thesis brings into light what arises from these conflicts, namely new objects, new actors, and new modi operandi. The analysis is structured around three case studies: the censorship of the film “A Fire in My Belly” (1986-1987) by David Wojnarowicz at the National Portrait Gallery in Washington, D.C. in 2010, the whitewash of a mural by street artist Blu at the Museum of Contemporary Art, Los Angeles that took place the same year, and the destruction of “Dialogue avec l’histoire” (1987) in 2015, a work of public art created by Jean Pierre Raynaud for the Place de Paris in Québec City. These controversies reveal that there is a new dynamic taking place regarding the role of circulating images in the unfolding of such debates: these reproductions, extensively disseminated in the web, and more generally in public spaces and the public sphere, shape the artworks’ trajectories. Not only does this confers them a higher visibility, but their very modes of existence are modified in this process, works get to live, in a manner of speaking, through fixed or animated images that proliferate online. Drawing upon a pragmatist approach to publics (Dewey), actor-network theory, and sociology of mediation, we also study the forming of collectives born jointly with this dissemination of “viral” images. Actors involved in the controversies, either artists or activists, seek to make the censored or destroyed works reappear in various forms, including replicas, derivative works or even Internet memes. We demonstrate that this phenomenon of appropriation, inexistent during controversies prior to the 2010s, is linked to sharing dynamics that appeared with the “web 2.0”.
Note·s
Cette thèse a été réalisée avec l'appui financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).Ce document diffusé sur Papyrus est la propriété exclusive des titulaires des droits d'auteur et est protégé par la Loi sur le droit d'auteur (L.R.C. (1985), ch. C-42). Il peut être utilisé dans le cadre d'une utilisation équitable et non commerciale, à des fins d'étude privée ou de recherche, de critique ou de compte-rendu comme le prévoit la Loi. Pour toute autre utilisation, une autorisation écrite des titulaires des droits d'auteur sera nécessaire.