La variabilité technologique et morphométrique des pointes de projectile aurignaciennes en matière osseuse. Implications cognitives, sociales et environnementales
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Au cours de la deuxième moitié du SIM3 (entre 41 et 29 ka cal AP), et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les artisans préhistoriques dispersés sur l’ensemble du continent européen intègrent les matières osseuses – ivoire, os et bois de cervidé – à leurs stratégies technologiques pour la manufacture de pointes de projectile aurignaciennes. Ces technologies comprennent deux catégories, les pointes à base fendue et celles à base massive. Malgré leur standardisation apparente, la variabilité des formes et des dimensions des armatures mérite d’être explorée afin de comprendre en quoi ces données peuvent préciser nos connaissances sur l’organisation technologique de ces sociétés et sur l’histoire de la dispersion des populations d’Homo sapiens en Europe. Dans le cadre de cette thèse, la morphométrie géométrique est adaptée à l’étude de la culture matérielle dédiée aux activités cynégétiques; l’échantillon directement concerné par cette analyse regroupe 547 armatures mises au jour dans 49 sites répartis entre la façade atlantique et les Carpates. Cette approche permet l’identification de huit conceptions volumétriques reproduites par les artisans aurignaciens pour la manufacture des pointes à base fendue, et de deux pour les pointes à base massive, une d’entre elles se déclinant en six variantes. La répartition spatiotemporelle de ces conceptions indique que les pointes de projectile aurignaciennes en matière osseuse ne constituent pas un proxy de la dispersion des Homo sapiens nouvellement arrivés en Europe, mais signalent plutôt la fédération de populations déjà présentes sur le continent et liées les unes aux autres par le développement de stratégies socioéconomiques particulières. Ainsi, l’apparition de ces technologies dans le registre archéologique est interprétée comme une solution aux contraintes imposées par une mobilité accrue des groupes; l’adoption subséquente de l’innovation sur l’ensemble de l’Europe est mise en relation avec l’éruption des champs Phlégréens. Enfin, la mutation typologique observée par le remplacement des pointes à base fendue par celles à base massive suggère des transformations profondes dans la mise en œuvre des stratégies technologiques. Les pointes à base fendue témoignent de l’adoption d’une stratégie planifiée sur le long terme tandis que les pointes à base massive se conforment aux critères attendus dans le cadre d’une stratégie expéditive et ce, indépendamment de la conservation de patrons de mobilité similaires. During the second half of MIS3 (ca. 41-29 kyr BP), for the first time in the history of humankind, prehistoric artisans scattered across Europe integrated a variety of osseous materials – ivory, bone, and antler – into their technological strategies in order to manufacture Aurignacian projectile points. These armatures can be categorized into “split-based” and “massive-based” types. Despite their relative standardization, the observed variability of the forms and dimensions of these implements requires further investigation. The aim of the present study is to gain a better understanding of the technological organization favoured by these prehistoric artisans, and to improve our knowledge about the dispersal of Homo sapiens populations in Europe. Geometric morphometric analysis is adapted to the study of 547 Aurignacian osseous projectile points recovered from 49 European sites located between the Atlantic and the Carpathian Mountains. This approach allowed the identification of eight volumetric templates used by Aurignacian artisans during the manufacture of split-based points. Two volumetric templates were identified for massive-based points, one of which includes a number of variants. Spatial and chronological distribution of these templates indicates that, contrary to the dominant hypothesis, Aurignacian projectile points do not represent a proxy for the dispersal of Homo sapiens into Europe. It is argued that a more parsimonious interpretation is to consider them as a signal of the development of innovative socioeconomic strategies by groups already present on the continent and linked to one another. This innovation corresponds to an adaptive technological solution for prehistoric groups engaged in increased mobility. The subsequent adoption of this innovation at a continental scale can be linked to the Campanian Eruption. Finally, the change in types, i.e., the replacement of split-based points by massive-based points, suggests that an important transformation occurred in the technological strategies implemented by earlier and later Aurignacians even though they favoured a similar mobility pattern. Split-based points are likely the products of a technological strategy associated with curation of these objects, while massive-based points are consistent with the implementation of an expedient strategy.
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