Nietzsche et Bergson : élan vital et volonté de puissance contre la métaphysique de la représentation
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Ithaque ; no. 21, pp. 243-265.Publisher(s)
Société Philosophique IthaqueAuthor(s)
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L’articulation des thèmes de l’évolution et de la création entreprise par Bergson dans l’Évolution créatrice s’accomplit à travers une critique interne de la métaphysique de la représentation, selon l’expression de G. Deleuze. Bergson y engage une refonte de la métaphysique en faveur d’une réintégration du « sujet » dans le mouvement différenciel de la vie, affranchi de l’idée paralysante de substance. À la spatialisation et à la rationalisation médiatisantes de l’interprétation intellectuelle du monde il substitue alors la temporalisation immédiate de la durée, libérée par la méthode de l’intuition. Son objectif consiste à accorder la durée intuitive du sujet désubstantialisé à la durée primordiale de l’élan vital, image par excellence de son « évolutionnisme vrai ». De même chez Nietzsche, la pensée de la volonté de puissance a pour vocation la déshumanisation du monde pour l’accès au courant prérationnel, pulsionnel et archiconstituant de la vie. Or la similitude entre la méthode physio-psychologique de Nietzsche et la méthode intuitive de Bergson révèle par la négative un préjugé humaniste dans l’élan vital, orientée ultimement vers l’homme et au profit de celui-ci. Il s’agit donc de montrer à la lumière d’une étude comparative entre Nietzsche et Bergson que l’élan vital demeure, malgré l’ambition de son auteur, transi d’une interprétation « humaine, trop humaine », et par extension toujours prisonnière de la métaphysique de la représentation.