Lengua y religión en la Castilla del siglo XIII : la Biblia E6/E8 y sus glosas
Thèse ou mémoire
2016-11 (octroi du grade: 2017-07-12)
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DoctoratProgramme
Études hispaniquesRésumé·s
La présente investigation vise à analyser, selon une perspective exégétique contextualisée, les gloses et les prologues des versions bibliques castillanes des manuscrits Escorial I.I.6 (Bible E6, siècle XIII) et Escorial I.I.8 (Bible E8, siècle XIV). La Bible E6 est la plus étendue et la plus ancienne des traductions de la Vulgate latine au roman castillan. Les deux manuscrits se démarquent pour leur complémentarité: E8 contient de Lévitique à Psaumes et E6 de Proverbes à Apocalypse. E8 pourrait être une copie inachevée et mise à jour du point de vue linguistique d’un premier volume d’E6, aujourd’hui perdu. La traduction représentée par E6/E8 se fait remarquer aussi pour son recours à une base critique textuelle latine qui proviendrait de l’intégration à l’une des multiples éditions parisiennes de la Vulgate (siècle XII) de contributions des manuscrits de la tradition hispanique de la Bible latine (Toletanus, Cavensis, Legionensis 2).
La première partie de la thèse (chapitres 1-4) présente une vue d’ensemble des traductions au castillan des Écritures judéo-chrétiennes des siècles XIII-XV et une description des deux versions en ce qui a trait à leurs caractéristiques critiques, textuelles et linguistiques. On y avance aussi une hypothèse autour du milieu de provenance de la traduction, en la mettant en relation avec les évêques de Tolède et Burgos, Rodrigo Jiménez de Rada et Juan de Soria, et avec les princes Felipe et Sancho, fils de Ferdinand III et futurs archevêques de Séville et Tolède respectivement. Cela est suivi par une contextualisation historico-littéraire sur la pratique des gloses bibliques médiévales, accompagnée d’une présentation du corpus, et par une contextualisation historique autour des dynamiques socio-politiques du siècle XIII, à cheval entre les règnes de Ferdinand III (r. 1217-1252) et Alphonse X (r. 1252-1284), suite à la Reconquête et à l’intégration de minorités juives et musulmanes à la communauté civique de Castille et Léon. Une attention particulière est consacrée aux débuts de la problématique des juifs convertis et aux stratégies de création du consensus social autour du pouvoir dynastique, dans ses aspects artistiques, littéraires et historiographiques. De fait, le manuscrit E6 témoigne d’une préoccupation vis-à-vis la légitimation de l’autorité royale, partagée par l’historiographie de l’époque, dont les principaux représentants étaient les évêques Lucas de Tuy, Juan de Soria et Rodrigo Jiménez de Rada, archevêque de Tolède et primat de l’Église hispanique. L’existence d’une telle préoccupation est attestée aussi par quelques miniatures du manuscrit qui représentent le souverain même sous le modèle du roi biblique Salomon. Dans le cadre de cette vue d’ensemble générale la langue castillane et la religion catholique se définissent en tant qu’axes fondamentaux en vue de l’articulation d’un projet cohérent et à long terme de construction nationale d’ordre culturelle qui s’attaquât au caractère culturellement non uniforme de la population du royaume.
La deuxième partie de l’investigation (chapitres 5-8) est consacrée aux prologues des livres des Écritures et aux presque 500 gloses qui accompagnent le texte, avec une attention particulière dirigée à l’identification et à la transcription de leurs sources. Ce matériel est analysé d’un point de vue exégétique contextualisé dans le but de déterminer sa relation avec les problématiques qui caractérisèrent la société de Castille et Léon dans son processus d’expansion et définition, au sein duquel la religion joua un rôle socialisateur indiscutable. Cette approche constitue la contribution originale de cette recherche à l’avancement de l’état des connaissances au sujet des Bibles castillanes médiévales et de leur fonction au sein du plus ample contexte social, religieux, historique et politique qui entourait le travail de traduction des Écritures judéo-chrétiennes.
En ce qui concerne les gloses, autour de 300 se trouvent dans le Nouveau Testament –en majeure partie dans les épitres de Saint-Paul qui s’occupent des relations entre les chrétiens d’origine grecque et ceux d’origine juive au sein de l’Église du premier siècle (1-2 Corinthiens, Galates)– quelque 100 dans les Psaumes et les autres dans le reste de l’Ancien Testament. Leurs sources principales sont l’Historia Scholastica de Pierre le Mangeur (s. XII) pour E8, les Collectanea de Pierre Lombard (s. XII) pour le Nouveau Testament d’E6, les Postillae d’Hugues de Saint-Cher (env. 1230) pour Ézéquiel dans E6 et une sélection de commentaires rabbiniques hispaniques des siècles XI-XII pour les Psaumes d’E8. Plus précisément, quelques-unes des gloses du Psautier seraient le résultat d’un travail d’harmonisation réalisé à partir de différents textes rabbiniques et elles permettraient un accès indirect à l’œuvre exégétique du rabbin originaire de Cordoue Moses ha-Kohen Ibn Chiquitilla (s. XI), aujourd’hui perdue en grande partie en ce qui a trait à ses originaux hébreu et arabe. Les gloses et les prologues d’E6 et E8 font état d’un travail conscient de sélection et d’édition.
Les sujets abordés par les gloses montrent une relation étroite avec les exigences de la politique des souverains castillans et avec celles de l’Église. En détail, la traduction aurait été conçue dans la perspective de la formation du clergé, dans le but de pourvoir non seulement à l’instruction religieuse du peuple catholique, mais aussi à la catéchèse des juifs convertis et à leur acceptation au sein de la communauté chrétienne, et en plus petite mesure à la prédication dirigée à contrer l’influence des albigeois et d’autres mouvements hétérodoxes qui maintenaient de petits centres de présence dans le royaume. En effet, la théologie et la législation castillane avaient comme référent –s’inspirant de Saint-Paul et Saint-Augustin– l’idée de la conversion future des juifs à Christ au fur et à mesure que la fin des temps s’approchait. Pour ces raisons cette version glosée des Écritures s’insère dans un processus sciemment orienté à long terme, autant sous une perspective théologique que sous une perspective socio-politique. La réalisation d’une Bible en langue romane était aussi cohérente avec l’augmentation significative de la proportion des documents en castillan par la chancellerie royale par rapport au latin pendant le règne de Ferdinand III (de 7% à 60%) –avec son complet développement sous le règne d’Alphonse X– et correspond pleinement aux préoccupations de l’Église, qui, à partir du IV Concile de Latran (1215), avait adopté des mesures sévères dans le but d’améliorer le niveau insatisfaisant de la préparation du clergé. En ce sens, la tradition représentée par E6 et E8 s’érige en témoin des dynamiques théologiques, ecclésiastiques, sociales et politiques de Castille et Léon au siècle XIII. The investigation focuses on the prologues and glosses of the Castilian biblical versions contained in manuscript Escorial I.I.6 (Bible E6, 13th century) and Escorial I.I.8 (Bible E8, 14th century) from a contextualised exegetical perspective. The Bible E6 is the largest and the oldest translation of the Latin Vulgate to Castilian Romance. The two codices seem to be related because of their complementarity: E8 contains from Leviticus to Psalms and E6 contains from Proverbs to Revelation. E8 may be an uncompleted copy, linguistically updated, of a first volume of E6 that may have been lost. The tradition represented by E6/E8 stands out for referring to a Latin critical and textual basis that was the result of the integration to one of the multiple editions of the Paris Vulgate (12th century) of contributions from the manuscripts of the Hispanic tradition of the Latin Bible (Toletanus, Cavensis, Legionensis 2).
The first part of the thesis (chapters 1-4) introduces the Castilian translations of Judeo-Christian Scriptures of the 13th-15th centuries and describes the two versions as far as their critical, textual and linguistic characteristics are concerned. Moreover, it presents a hypothesis about the milieu from where the version arose, by relating it to Bishop Rodrigo Jiménez de Rada of Toledo and Bishop Juan de Soria of Burgos, and to Prince Felipe and Prince Sancho, sons of King Ferdinand III and future archbishops of Seville and Toledo. These considerations are followed by a historical and literary contextualization of the medieval tradition of glossing the Bible, by the description of the corpus and by a historical contextualization of the socio-political dynamics of the 13th century, encompassing the reigns of Ferdinand III (r. 1217-1252) and Alphonse X (r. 1252-1284), during the Reconquista and the consequent integration to Castile and León of significant minorities of Muslims and Jews. A special attention is dedicated to the beginnings of the problematics of the status of converted Jews and to the strategies of construction of the legitimacy of the dynastic authority through their artistic, literary and historiographic manifestations. Codex E6 as well gives evidence of an intent of contributing to the justification of monarchical power; such a preoccupation was shared also by the main representatives of the historiography of the time of Ferdinand III, the bishops Lucas de Tuy, Juan de Soria and Rodrigo Jiménez de Rada, Archbishop of Toledo and Primate of the Hispanic Church. As a matter of fact a few miniatures contained in the manuscript represent the sovereign by depicting him around the model of biblical King Solomon. Within this general overview the Castilian language and the Catholic religion exerted the function of axes for the articulation of a national identity of cultural nature around a coherent and long-term project called to deal with the diversified cultural characterizations of the population of the kingdom.
The second part of the investigation (chapters 5-8) focuses on the prologues to the biblical books and on the almost 500 glosses that accompany the text, with a special concern for the identification and transcription of the original sources. This material is then analysed from a contextualised exegetical perspective in order to determine its relationship with the problematics that were present in the society of Castile and León during its process of expansion and definition, where religion played an indisputable socialising role. This kind of approach constitutes the original contribution of this research to the advancement of knowledge of Medieval Castilian Bibles and their function within the wider social, religious, historical and political context that was surrounding the endeavour of translating the Judaeo-Christian Scriptures.
As far as the glosses are concerned, almost 300 are located in the New Testament –significantly concentrated in the Pauline epistles that deal with the relationship between Christians of Greek and Jewish origin (1-2 Corinthians, Galatians)– around 100 are in the Psalms and the remaining ones in the other books of the Hebrew Scriptures. Their main sources are the Historia Scholastica of Peter Comestor (12th century) for E8, the Collectanea of Peter Lombard (12th century) for the New Testament of E6, the Postillae of Hugh of Saint-Cher (around 1230) for Ezekiel in E6 and a few Hispanic rabbinic commentaries from the 11th-12th centuries for the Palms of E8. Some of the glosses of the Psalter may be the result of a work of harmonisation between those rabbinic texts and may allow as well an indirect access to the exegetical endeavour of Rabbi Moses ha-Cohen ben Giktilla (11th century) from Córdoba, which has mainly been lost today in its Hebrew and Arabic originals. The glosses and prologues of E6 and E8 give evidence of an aware intent of selection and edition.
The themes that are tackled by the glosses show a consistent relationship with the exigencies of the politics of the kings of Castile and León and with issues that were affecting the life of the Church. More specifically, the translation might have been directed to the formation of clergy in order to provide not only religious instruction to the Catholic people, but also a tool for the catechism of converted Jews, while promoting their reception into the wider social Christian community. The glosses provide as well tools for the preaching activity oriented to strive against the influence of the Albigenses and other heterodox movements that had small centres in the kingdom. As a matter of fact, both theology and the Castilian legislation held as a reference the idea of the imminent conversion of the Jews to Christ –inherited from Saint Paul and Saint Augustin– to be realised near the end of times. Therefore, this version of the Scriptures very well fits as part of an aware theological and socio-political process oriented towards the long-term. The realisation of a Bible in Romance was also coherent with the remarkable increase of the proportion of documents in Castilian issued by the Royal Chancellery during the reign of Ferdinand III, if compared to Latin (from 7% to 60%), which reached its full development during the reign of Alphonse X. Such an endeavour corresponded as well to the preoccupations of the Church that since IV Lateran Council (1215) had been adopting radical measures in order to improve the insufficient level of preparation of the clergy. Within this perspective, the tradition represented by E6 and E8 stands out as a witness of the theological, ecclesiastical, social and political dynamics of Castile and León during the 13th century. La presente investigación se enfoca, desde una perspectiva exegética contextualizada, en las glosas y los prólogos de las versiones bíblicas castellanas de los manuscritos Escorial I.I.6 (Biblia E6, siglo XIII) y Escorial I.I.8 (Biblia E8, siglo XIV). La Biblia E6 es la más extensa y la traducción más antigua de la Vulgata latina al romance castellano. Los dos códices se relacionan por su complementariedad: E8 abarca de Levítico a Salmos y E6 de Proverbios a Apocalipsis. E8 sería una copia inacabada y puesta al día lingüísticamente del primer volumen de E6, hoy perdido. La traducción representada por E6/E8 destaca por recurrir a una base crítico-textual latina que procedería, a su vez, de la integración de una de las varias ediciones parisinas de la Vulgata (siglo XII) con aportes de los manuscritos de la tradición hispana de la Biblia latina (Toletanus, Cavensis, Legionensis 2).
En la primera parte de la tesis (capítulos 1-4) se presenta el conjunto de las traducciones al castellano de las Escrituras judío-cristianas de los siglos XIII-XV y se describen las dos versiones con respecto a sus características crítico-textuales y lingüísticas. Se plantea también una hipótesis acerca del entorno de procedencia de la traducción, relacionándola con los obispos de Toledo y Burgos, Rodrigo Jiménez de Rada y Juan de Soria, y con los infantes Felipe y Sancho, hijos de Fernando III y futuros arzobispos de Sevilla y Toledo. Sigue una contextualización histórico-literaria sobre la tradición glosadora bíblica medieval, acompañada de la presentación del corpus y una contextualización histórica alrededor de las dinámicas socio-políticas del siglo XIII, a caballo entre los reinados de Fernando III (r. 1217-1252) y Alfonso X (r. 1252-1284), a raíz de la Reconquista y de la consiguiente integración dentro del conjunto cívico castellano-leonés de varias minorías musulmanas y judías. Se presta una atención especial a la incipiente cuestión conversa y a las estrategias de creación del consenso, en sus vertientes historiográfica, artística y literaria, alrededor del poder dinástico. De hecho, el códice E6 testimonia cierta preocupación por la legitimación de la autoridad real, compartida con la historiografía de la época de Fernando III, cuyos referentes principales fueron los obispos Lucas de Tuy, Juan de Soria y Rodrigo Jiménez de Rada, arzobispo de Toledo y primado de la Iglesia hispana. De ello dan constancia algunas miniaturas del manuscrito, que representan al mismo soberano construyéndolo alrededor del modelo bíblico del rey Salomón. Dentro de dicha panorámica general, la lengua castellana y la religión católica se configuran como los ejes fundamentales para la articulación de un proyecto de construcción nacional de índole cultural, coherente y de largo plazo, que lidiara con el carácter culturalmente no uniforme de la población del reino.
La segunda parte de la investigación (capítulos 5-8) se centra en los prólogos a los libros de la Escritura y en las casi 500 glosas que acompañan el texto, con una atención particular consagrada a la identificación y transcripción de las fuentes de procedencia. Este material se analiza desde una perspectiva exegética contextualizada, con vistas a determinar su relación con las problemáticas que caracterizaron a la sociedad castellano-leonesa en su proceso de expansión y definición, en que la religión ejerció un papel socializador indiscutible. Este tipo de acercamiento constituye el aporte original de esta investigación al avance del conocimiento sobre las Biblias castellanas medievales y su función dentro del más amplio contexto social, religioso, histórico y político que rodeaba la labor traductora de las Escrituras judeocristianas.
Con respecto a las glosas, alrededor de 300 se encuentran en el Nuevo Testamento –mayoritariamente en las cartas paulinas que se ocupan de las relaciones entre cristianos de origen griego y judío en la Iglesia del primer siglo (1-2 Corintios, Gálatas)– unas 100 en los Salmos y las demás en el resto del Antiguo Testamento. Las principales fuentes de procedencia son la Historia Scholastica de Pedro Comestor (s. XII) para E8, los Collectanea de Pedro Lombardo (s. XII) para el Nuevo Testamento de E6, las Postillae de Hugo de San Caro (ca. 1230) para Ezequiel en E6 y varios comentarios rabínicos hispanos de los ss. XI-XII para los Salmos de E8. En particular, algunas de las acotaciones al Salterio serían el resultado de un trabajo de armonización entre varios textos rabínicos y permiten un acceso indirecto a la obra exegética del rabino cordobés Moses ha-Kohen Ibn Chiquitilla (siglo XI), en gran parte hoy perdida en su original hebreo y árabe. Las glosas y los prólogos de E6 y E8 dan constancia de un trabajo consciente de selección y edición.
Los temas tratados por las glosas manifiestan una estrecha relación con las exigencias de la política de los soberanos castellanos y con las necesidades de la Iglesia. En detalle, la traducción se dirigiría a la formación del clero, con vistas a enfrentarse no solo a la instrucción religiosa del pueblo católico, sino también a la catequización de los judíos conversos y a su aceptación dentro de la sociedad cristiana, y en menor medida a la predicación orientada a contrarrestar la influencia de albigenses y otros movimientos heterodoxos que mantenían pequeños focos en el reino. De hecho, la teología y la legislación castellana tenían como referente –retomando a San Pablo y San Agustín– la idea de la futura conversión de los judíos a Cristo al aproximarse el final de los tiempos. Esta versión glosada de las Escrituras se inserta, por tanto, dentro de un proceso conscientemente orientado a largo plazo, tanto en términos teológicos como socio-políticos. La realización de una Biblia en romance era también coherente con el incremento significativo de la proporción de documentos en castellano por parte de la cancillería real con respecto al latín durante el reinado de Fernando III (del 7% al 60%), con su completo desarrollo bajo Alfonso X, y se corresponde con las preocupaciones de la Iglesia, que, a partir del IV Concilio de Letrán (1215), iba adoptando medidas contundentes para mejorar el nivel insuficiente de preparación del clero. En este sentido, la tradición representada por E6 y E8 se erige como testimonio de las dinámicas teológicas, eclesiásticas, sociales y políticas de Castilla y León del siglo XIII.
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