Les ONG travaillant avec les mères célibataires au Maroc : des instruments d'antipolitique de l'État?
Thèse ou mémoire
2016-11 (octroi du grade: 2017-03-28)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
Science politiqueMots-clés
- Maroc
- État
- Organisations Non Gouvernementales
- Antipolitique
- Décharge
- Capitalisme
- Néolibéralisme
- Démocratisation
- Privatisation
- Autoritarisme
- Capital social
- Capitalism
- Privatization
- Morocco
- Authoritarianism
- Neoliberalism
- Antipolitics
- Discharge
- State
- Non-Governmental Organizations
- Social capital
- Democratization
- Political Science - General / Science politique - Généralités (UMI : 0615)
Résumé·s
Ce mémoire a pour principal objectif de contester le lien existant entre démocratisation et acteurs associatifs. Pour ce faire, nous avons opté pour une étude de cas. Nous nous sommes intéressés aux Organisations Non Gouvernementales (ONG) travaillant avec les mères célibataires au Maroc. Ces femmes vivent une situation d’exclusion, ayant eu des relations sexuelles hors mariage – ce qui est puni par la loi. Originellement, les ONG les prenant en charge tentent de les sortir de leur marginalité, de faciliter leur inclusion sociale et, par extension, d’améliorer la condition des femmes au Maroc. En d’autres termes, ces ONG participeraient, d’une certaine manière, à bonifier le « capital social » et à politiser des sujets sensibles – et donc à conforter la doxa évoquée plus haut. En réalité, c’est plutôt un processus inverse qui est à l’œuvre. En réalité, l’État se « décharge » (Hibou 1998, 1999a, 1999b, 2011) de la question des mères célibataires sur les ONG. Une décharge qui s’inscrit dans un mouvement plus large de « privatisation » (Catusse 2008), dictée par des préceptes néolibéraux. Grosso modo¸ l’on règle la situation, selon une logique de « résolutions de problèmes », sans forcément s’attaquer à ses ressorts profonds. Sous cet angle, loin de renforcer la démocratisation ou l’amélioration de la condition des femmes, nous sommes plus face à un statu quo qui maintient et renforce les pratiques autoritaires. En somme, les ONG finissent par alimenter une situation d’« antipolitique » (Schedler 1997) en devenant, malgré eux, des instruments de désamorçage des problématiques sociales et politiques. The main purpose of this dissertation is to question the link between democratization and its associative actors. To accomplish this, a case study was conducted. The focus of this case study was centred around non-governmental organizations (NGOs) working with single mothers in Morocco. These women are living in situations of social exclusion due to their participation in non-marital sexual relations, an act that is punishable by law in Morocco. On a superficial level, the NGOs taking care of these women strive to remove them from the margins of society, facilitate their social inclusion and, by extension, improve the status of women in Morocco. Presented in a certain light, these NGOs would seemingly contribute to improve "social capital" and politicize sensitive subjects – and thus reinforce the aforementioned doxa.
In actuality, it is rather a reverse process that is at work. In fact, the state "unloads" (Hibou 1998, 1999a, 1999b, 2011) the issue of single mothers onto the NGOs. A « discharge » that is part of a wider movement of "privatization" (Catusse 2008), dictated by neoliberal precepts. This situation is resolved according to the logic of "problem solving", without necessarily tackling its root causes. Viewed from this perspective, we are faced with the disillusion that instead of strengthening democratization or improving the status of women in Morocco, NGOs reinforce a status quo that maintains and strengthens authoritarian practices. In short, NGOs end up fueling an "anti-political" situation (Schedler 1997) by becoming, in spite of themselves, instruments for defusing social and political problematics.
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