Résumé·s
L'objectif de cette thèse est de présenter une conception du savoir-faire qui permette d'éviter
les principales difficultés auxquelles font face les deux grandes familles de théories dans le
débat sur la nature du savoir-faire – l'intellectualisme et l'anti-intellectualisme. Pour les
intellectualistes, le savoir-faire doit généralement être conçu comme une forme de
connaissance propositionnelle, c'est-à-dire une connaissance des faits. À l'opposé, pour les
anti-intellectualistes, le savoir-faire doit généralement être conçu comme une forme de
capacité ou de disposition. Dans ce texte, j'analyse en détail les implications propres à ces
diverses manières de concevoir le savoir-faire et j’identifie les problèmes importants auxquels
elles font face. Par exemple, contre l'intellectualisme, on peut douter qu'il suffise de connaître
un certain nombre de faits à propos de la natation pour savoir nager. À l'opposé, contre, l'anti-intellectualisme, on peut demander s’il faut absolument être capable de nager pour savoir
nager. Afin d'éviter les problèmes propres à ces deux théories, je défends une conception
hybride qui présente le savoir-faire au sens restreint et la connaissance pratique au sens large
comme des formes de savoir qui doivent s'établir sur une connaissance minimale des faits,
mais qui sont irréductibles à cette connaissance des faits et qui peuvent s'accroître sans
l'apprentissage de nouveaux faits.
The goal of this thesis is to present a theory of knowing how which avoids the main problems
plaguing the two major types of positions in this debate – intellectualism and anti-intellectualism. According to the intellectualists, knowing how must generally be understood
as a species of propositional knowledge. That is, knowing how to do something is knowing a
certain amount of facts about that activity. Conversely, according to the anti-intellectualists,
knowing how must generally be understood as the possession of some form of capacity or
disposition. In this text, I explore in details the implications associated with each position and
highlight the main challenges they need to overcome. For instance, against intellectualism, one
may doubt that knowing how to swim is merely a matter of knowing facts about swimming.
Conversely, against anti-intellectualism, one may ask whether one really needs to be able to
swim to know how to swim. In order to avoid the problems undermining both theories, I argue
for a hybrid conception which presents knowing how in a strict sense and practical knowledge
in a wider sense as types of knowledge which are based on a minimal knowledge of facts,
though they cannot be reduced to this knowledge of facts and can grow without learning more
facts.