Le fait littéraire au temps du numérique. Pour une ontologie de l’imaginaire
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Résumé·s
Souvent conçues comme le vecteur de changements majeurs, les pratiques numériques constituent une occasion de mieux comprendre le fait littéraire en faisant apparaître de manière plus explicite que jamais des aspects ontologiques qui, en tant que tels, ont une valeur atemporelle. En particulier, et c’est l’objet de cet article, le fait numérique donne l’occasion de réinvestir une problématique qui parcourt l’ensemble de la réflexion sur le statut de la littérature depuis Platon et Aristote : celle du rapport entre littérature et réalité, dont Sartre et Derrida avaient déjà œuvré à déconstruire l’opposition au XXe siècle. Selon nous, le numérique souligne l’absence de séparation entre symbolique et non-symbolique, nous empêchant de penser une rupture entre imaginaire et réel. Pour rendre compte de cette structure, nous nous appuierons sur le concept d’éditorialisation, qui vient désigner l’ensemble des dispositifs permettant la production de contenus dans l’espace numérique en tenant compte de la fusion entre espace numérique et espace non numérique. À travers des exemples littéraires – Traque Traces de Cécile Portier et Laisse venir d’Anne Savelli et Pierre Ménard – nous démontrerons comment la littérature participe aujourd’hui à l’éditorialisation du monde, enterrant ainsi définitivement le dualisme imaginaire-réel pour lui préférer une structure anamorphique. Often considered a vector for major change, digital practices represent an opportunity through which to better understand literature and literary space by revealing, more explicitly than ever before, ontological elements that have, as such, timeless value. In particular, and as is the focus of this article, digital creation offers an opportunity to revive a debate that has persisted throughout the history of thought on the status of literature dating back to Plato and Aristotle : that of the relationship between literature and reality, the opposition of which Sartre and Derrida had already sought to deconstruct during the 20th century. We find that digital space highlights the absence of separation between symbolic and non-symbolic, thereby preventing us from considering a break between imaginary and reality. To address this structure, we turn to the concept of editorialization, which refers to the set of devices that allow for content production in digital space while accounting for the fusion of digital and non-digital spaces. Through literary examples – Traques Traces by Cécile Portier and Laisse venir by Anne Savelli and Pierre Ménard – we will demonstrate how literature today participates in editorializing the world, therefore definitively burying the imaginary-reality binary in favour of an anamorphic structure.
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