Résumé·s
« L’histoire des Autochtones d’Amérique du Nord n’a jamais vraiment eu les Indiens pour sujet. Ce qui comptait, c’était bien plus l’histoire des Blancs, de leurs besoins, de leurs aspirations. » (Thomas King). La version dominante (non-autochtone) de la vie de Kateri, célébrée en 2012, reflète bien cela. Les premières biographies de Kateri rapportent relativement peu de paroles d’elle. Elles sont écrites par des jésuites, des hommes de l’élite religieuse française, venant d’un monde profondément différent du monde autochtone en général et iroquois en particulier. Dans ces biographies, Kateri est tout autant célébrée que réduite au silence : non seulement parce qu’on lui donne peu la parole, mais parce que la dimension iroquoise de son expérience culturelle et spirituelle est soit dénigrée, soit ignorée. Alors qu’on affirme célébrer son identité autochtone, elle est méconnue en tant que femme de culture iroquoise, ce qu’elle n’aurait jamais pu cesser d’être pourtant. Cela est resté vrai en 2012, au moment même où on la célébrait comme sainte amérindienne d’Amérique du Nord et comme pont entre les cultures.
Kateri est aussi racontée par ses premiers biographes d’une manière androcentrique, repérable de diverses manières, et qui a été répétée par les biographies jusqu’à nos jours. Cela n’a été ni remarqué ni remis en question au moment de sa canonisation. Rares sont celles et ceux qui l’ont perçu. Dans ces conditions, Kateri reste enfermée dans des représentations coloniales et androcentriques.
De quelles façons la vénération de l’Église non autochtone envers Kateri reste-t-elle empreinte de colonialisme et d’androcentrisme ? Qu’est-ce qu’on voit émerger si on explore un peu plus l’arrière-fond iroquois de Kateri Tekakwitha ? Qu’est-ce que cela impliquerait si on prenait ce monde au sérieux ?