Processus de traduction et institutionnalisation d’outils de régulation basés sur les connaissances dans l’enseignement primaire en Belgique
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Fait partie de
Recherches sociologiques et anthropologiques ; vol. 43, no 2, p. 95-120.Résumé·s
Depuis une quinzaine d’années, on assiste en Belgique francophone au développement
d’une politique d’évaluation externe des écoles. Notre étude analyse
la réception de cette politique par les acteurs locaux (directeurs et enseignants
d’écoles primaires) et intermédiaires (inspecteurs) et montre comment les outils
de régulation basés sur les connaissances mis en place par ces acteurs affectent
la réception et la légitimité de la politique d’évaluation dans son ensemble. À
l’aide de la sociologie de la traduction (Callon & Latour) et de la théorie néoinstitutionnaliste,
nous comparons deux modes de construction et de mise en
oeuvre de cette politique dans deux zones d’inspection. Dans la première, le dispositif
repose pour l’essentiel sur la bureaucratie, tandis que dans la seconde la
politique est construite par un réseau d’acteurs locaux et intermédiaires. Nous
montrons que 1) les rôles et les stratégies des acteurs intermédiaires diffèrent
considérablement ; 2) les différences constatées dans la construction de la politique
d’évaluation (co-construction des outils par un réseau d’acteurs intermédiaires
d’un côté, mise en oeuvre hiérarchique et bureaucratique de l’autre) sont
liées aux différents effets des outils de régulation sur les pratiques des enseignants
et sur la légitimité de cette politique.