L'enfant au cinéma : la condition tragique d'une figure traumatique
Thèse ou mémoire
2015-08 (octroi du grade: 2016-03-23)
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Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
Études cinématographiquesRésumé·s
La recherche vise à élaborer la condition tragique qui émane de la figure de l'enfant au
cinéma – à travers ses traumas, ses blessures, voire sa destruction et sa perte – devant laquelle le spectateur adulte éprouve un certain malaise. Nous pouvons voir au cinéma des enfants aux prises avec des conditions de vie traumatisantes, voire inhumaines. Que ce soit les enfants abandonnés ou orphelins, les enfants violés, les enfants maltraités, les enfants victimes de guerre – incluant la dualité paradoxale qu’instaure l'enfant-soldat, de Ivan (« L’enfance d’Ivan », Tarkovski, 1962) à Komona (« Rebelle », Kim Nguyen, 2012) – ou les enfants face à la mort, diverses situations peuvent contribuer à inscrire l'enfance dans le registre du tragique, par la destruction ou la perte de l'enfance. L'enfance détruite porte en elle une blessure (trauma) – qu'elle soit physique ou psychique – qui renvoie au « manque », ou à la fragilité humaine que traduit l'image de l'enfant dit « sans secours ». Quand l’enfant doit faire face à une situation tragique où il est sans défense et confronté à son propre anéantissement, sa figure devient pour nous traumatique. Nous suggérons que le tragique place l’enfant au cinéma dans un après-coup qui renvoie à un traumatisme premier fondamental, prototype de toute situation traumatique. Pour le psychanalyste Sigmund Freud, ce serait un traumatisme lié à la détresse infantile – le « Hilflosigkeit » – qui correspond à la première angoisse vécue par le nourrisson dû à son impuissance (« Inhibition, symptôme et angoisse », [1926] 1951, Paris : PUF). Dans cette lignée, certains psychanalystes (comme Otto Rank ou Jean-Marie Delassus) préciseraient que le traumatisme s'installe dès la naissance, qui marque de manière universelle le premier sentiment de perte et d'angoisse suite à l'éjection dans un monde étranger et d'abord impossible, ce qui correspond à une dislocation première (suivant le sens qu’en propose Benoit Goetz dans « La dislocation » (2002, Paris : Éditions de la Passion)). L'enfant au cinéma, qui traverse des épreuves qui nous sont difficiles à concevoir, nous regarde et pointe en nous nos propres faiblesses, et cela interagit avec nos propres traumatismes. Quelques exemples filmiques viendront soutenir la recherche, avec principalement l’analyse d’un film exemplaire, « Les tortues volent aussi » de Bahman Ghobadi (2004). This study aims to develop the tragic condition that emerge from the child's figure in
cinema – through his traumas, his wounds, or the destruction and loss of childhood – before
which the adult viewer may feel uncomfortable. Children in films can deal with particularly
traumatic circumstances, if not inhuman. Whether children are abandoned or orphaned, raped,
abused, victims of war – including the paradoxical duality that the child-soldier establishes,
from Ivan (in "Ivan’s chilhood", Tarkovski, 1962) to Komona (in "War witch", Kim Nguyen,
2012) – or facing death, various situations can contribute to include childhood in the tragic
register, with the destruction or loss of childhood. A destroyed childhood carries a wound
(trauma) – physical or psychological –, which refers to a default or the human fragility that the
image of the “helpless child” reflects. When a child has to deal with a tragic situation while he
is defenseless and facing his own destruction, his figure becomes one that is traumatic. The
tragic puts the child in a state of “afterwardsness” (après-coup), which refers to a primary and
fundamental trauma, prototype of all traumatic situations. For Sigmund Freud, that primary
trauma arises from the first anguish experienced by the infant because of his helplessness, that
he names "Hilflosigkeit" ("Inhibition, symptôme et angoisse", [1926] 1951, Paris: PUF). For some
psychoanalysts (such as Otto Rank or Jean-Marie Delassus), this trauma sets in at birth, which
represents the first feeling of loss and separation following the ejection in a world that is
unfamiliar and at first impossible, which corresponds to a first dislocation in the meaning that
Benoit Goetz intends in "La dislocation" (2002, Paris: Éditions de la Passion). In movies, the
child who gets thought hardships that can barely be imagined looks at us and emphasizes our
own weaknesses, and it interacts with our own traumatic experiences. This study is supported
by a number of examples of different movies, but with one main film analysis, "Turtles can fly"
by Bahman Ghobadi (2004).
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