Représentations sociales de la dangerosité psychiatrique chez les intervenants en santé mentale : une anthropologie du risque
Thesis or Dissertation
2014-10 (degree granted: 2015-09-23)
Author(s)
Advisor(s)
Level
Master'sDiscipline
AnthropologieKeywords
- Psychiatrie
- Individus dangereux
- Risque
- Représentations sociales
- Stratégies de gestion du risque
- Mesures de contrôle
- Reconnaissance sociale
- Anthropologie médicale
- Psychiatry
- Dangerous subjects
- Risk
- Social perceptions
- Risk management practices
- Control measures
- Social recognition
- Medical anthropology
- Anthropology - Medical and Forensic / Anthropologie - Médicale et légale (UMI : 0339)
Abstract(s)
Le présent mémoire porte sur les représentations sociales de la dangerosité en psychiatrie chez les intervenants de proximité (infirmières, préposés, et agent de sécurité), d’un milieu de soins psychiatriques. Nous cherchons à explorer comment ces intervenants perçoivent et interprètent les risques inhérents à leur métier et comment ils y réagissent en situation d’incertitude. Les concepts de dangerosité, d’ « individu dangereux » et de risque en psychiatrie sont abordés dans le présent mémoire, à travers un angle historique, social et anthropologique, suivant les lectures de Michel Foucault; de Robert Castel; de Ian Hacking; et de Mary Douglas. De l’observation participante dans une unité de soins psychiatriques aigus et des entrevues semi-structurées ont été réalisées auprès d’une dizaine d’intervenants en santé mentale. Une approche ethnographique et interprétative nous a permis de dégager les principales récurrences, divergences et contradictions intra et inter intervenants sur la question de la dangerosité et du risque en psychiatrie. Les résultats sont séparés en fonction de trois grands thèmes : 1) représentations sociales de la dangerosité 2) perceptions du risque au travail 3) réactions face au risque perçu. L’analyse de nos résultats montre que les connaissances qu’ont les intervenants sur la dangerosité ne se limitent pas à celles produites par le savoir expert, elles s’ouvrent aussi sur leur propre réalité clinique. De plus, contrairement aux prédictions du savoir expert, la différence observée entre les pratiques de contrôle des intervenants n’est pas la conséquence d’une surestimation du risque ni d’un manque d’information « objective » sur les facteurs de risque du comportement agressif, mais s’explique davantage en fonction de la présence ou de l’absence d’un lien thérapeutique et du degré de reconnaissance sociale dans les interactions entre les soignants et les soignés. Les éléments qui renforcent ou limitent l’établissement d’un lien de confiance sont explicités dans le présent mémoire. The present thesis analyzes social perceptions regarding danger and risk experienced in a psychiatric setting. We seek to explore how psychiatric practitioners and staff, who are confronted daily with aggressivity, perceive the risks inherent in their work and how they react in situations of uncertainty. The concepts of “dangerousness”, “dangerous subjects” and of “risk” in psychiatry are considered in this thesis, through anthropological, historical and sociological perspectives based on the work of Michel Foucault, Robert Castel, Ian Hacking and Mary Douglas. Participant observation in an acute care psychiatric unit, along with semi-structured interviews were carried out with more than ten practitioners (including nurses, beneficiary attendants, and security agents). The use of both an ethnographic and interpretative approach highlighted similarities, disparities and contradictions between the narratives of different categories of staff, as well as between individual staff and practitioners, regarding danger and risk in psychiatry .The results are divided into three disparate themes: 1) social perceptions of dangerousness and risks associated with aggression 2) perceptions of risk in the workplace 3) reaction towards perceived risk. This analysis demonstrates that staff and practitioners’ implicit knowledge regarding ‘dangerousness’ is derived from a continuous incorporation of expert knowledge, based on objective risk factors, and the clinical reality in which they interact on a daily basis. Moreover, contrary to the predictions of experts, the difference between practitioners control practices does not derive from an overestimation of risk, nor is it the consequence of a lack of objective information regarding such risk. It can, instead, be explained by the presence or absence of a therapeutic relationship and by the degree of social recognition between caregiver and patient. The elements that strengthen or limit the establishment of trust will be further elucidated in the present discussion.
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