Adolescence, immigration et santé mentale : schisme et articulation des discours soignants autour des orientations et des stratégies d'intervention en contexte ethnopsychiatrique
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
La souffrance psychologique des adolescents fait l'objet d'une attention croissante des pouvoirs publics, des mondes associatifs, et bien sûr des cliniciens et des travailleurs psychosociaux. Pour les adolescents migrants, cette souffrance, aggravée par la fragilité, les malaises et les tensions de l'adolescence, est compliquée par l'appareil de santé publique bureaucratique complexe destiné à traduire dans le langage des soins le malaise des attitudes, des comportements et des tendances qui se dégagent de leur statut de migrant tantôt mal vécu, tantôt réprouvé par leur environnement et leur parcours personnel et familial.
Ce mémoire de maîtrise a exploré l'un d'entre eux, celui de la clinique de psychiatrie transculturelle, où l'écoute de ce qui se dit importe tout autant que la traduction et la gestion de ces souffrances. En utilisant une approche anthropologique, j'analyse les discours et les attitudes de dix thérapeutes et les travailleurs sociaux qui interviennent auprès de ces familles. Cette recherche montre que le cadre de gestion sociale et culturelle qui inclut les soignants et les familles, et les ambivalences de jeunes adolescents, ne peut être analysé sans référencer le contexte plus large des différences de classes, d'accès au pouvoir, d'orientations et de bagages culturels affectant à la fois le vécu des adolescents et la manière avec laquelle leurs angoisses seront communiquées et traduites. Dans cette perspective particulière, les paradoxes et les résistances de certains professionnels médicaux et sociaux, dont les positions qu'ils occupent au sein des structures du pouvoir, autrement, pourraient les tenter de s'engager dans des diagnostics faciles liés à la socialisation prétendument difficile de ces adolescences. Au lieu de cela, ils créent des stratégies uniques qui respectent les idiomes officiels encadrant leur autorité médicale et sociale. The psychological suffering of teenagers has drawn increasing attention of the public authorities, associations, and of course clinicians and psychosocial workers. For migrant teens, this suffering, exacerbated by the fragility, discomforts and tensions of adolescence, is complicated by the complex bureaucratic public health apparatus designed to translate into the language of health care the malaise of attitudes, behaviours, and tendencies that emerge from their migrant status and history.
This thesis explores one of these, the transcultural psychiatry clinic, where listening to what is said is as important as translating and managing these complaints. Using an anthropological approach, I analyze the speech and attitudes of ten therapists and social workers who work with families and teenagers. This research shows that the framework of social and cultural management that includes caregivers and families, and the ambivalencies of young teens, cannot be analyzed without referencing the broader context of class differences, power, and the past condition that influence both teen suffering and how their anguish is communicated and translated. In this particular perspective, the paradoxes and resistances of some medical and social professionals, whose position in the power structure could otherwise tempt them to engage in facile diagnoses linked to allegedly improper socialisation of these migrant teens. Instead, they create unique strategies that respect the official idioms that frame their medical and social authority.
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