Regards croisés sur la relation école-famille et la réussite scolaire d’élèves à l’école fondamentale en Haïti
Thèse ou mémoire
2015-02 (octroi du grade: 2015-05-05)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratMots-clés
- Relation école-famille
- Enjeux scolaires
- Élèves en réussite scolaire
- Élèves en difficulté scolaire
- Haïti
- School-family relationship
- At stake in schools
- Students experiencing success
- Students experiencing failure
- Education - Educational Psychology / Éducation - Psychologie pédagogique ou de l'éducation (UMI : 0525)
Résumé·s
Cette recherche analyse la problématique de la collaboration école-famille et la réussite scolaire en Haïti. Considérant des cas d’élèves au profil social et scolaire contrasté, elle examine les points de vue d’une diversité d’acteurs impliqués dans l’éducation, tant au niveau formel qu’informel : 14 élèves, 17 parents, 7 enseignants, 7 membres de direction d’école, 3 inspecteurs, 2 conseillers pédagogiques et 6 intervenants (prêtres, psychologues, sociologue, médecin). Une approche multicas, à caractère ethnographique basée sur des entretiens approfondis a permis de croiser les regards de ces acteurs sur le cheminement scolaire des 14 cas d’élèves répartis dans huit établissements scolaires, du privé et du public, avec autant de cas de réussite et que de difficulté scolaire.
À l’instar de la problématique que nous avons brossée au début de la thèse, les participants à notre recherche ont tous confirmé la vulnérabilité du contexte social en Haïti et ses répercussions sur le système scolaire : instabilité et insécurité sociopolitiques, précarité socioéconomique. Cette situation a transformé les structures familiales. Le système scolaire, dominé par le privé, est limité dans sa capacité d’accueil, ses ressources humaines, ses infrastructures matérielles et son programme de formation initiale et continue du personnel. C’est donc un système scolaire qui ne peut que difficilement soutenir l’apprentissage de ses élèves. En outre, la situation diglossique créole-français, qui prévaut dans la société et les écoles, freine en quelque sorte le progrès de plusieurs élèves.
Au-delà des enjeux sociétaux évoqués par les acteurs, l’école au quotidien se dessine dans les discours comme lieu de résilience pour les élèves, inspiratrice de changement et la clé pour toute mobilité sociale dans l’avenir. L’éducation est toujours intégrée à un projet de société où la réussite scolaire devrait s’appuyer sur la collaboration de tous les acteurs. Il ressort la nécessité d’une grande mobilisation des jeunes eux-mêmes autour du métier d’élève et d’une compréhension partagée de la parentalité et de ses défis par les protagonistes de l’éducation. Les résultats soulèvent également l’importance d’une synergie sociétale autour de l’école, axée sur la coopération de tous au profit de l’apprentissage des élèves.
En Haïti, la collaboration école-famille est plus complexe que dans d’autres contextes nationaux. Tout d’abord, les familles constituent la plus importante source de financement de l’éducation au pays à cause de l’hégémonie de l’école privée et de l’insuffisance du soutien étatique au fonctionnement des écoles publiques. Également, les parents d’élèves et leurs enfants, même ceux qui sont en difficulté scolaire, placent une très grande confiance en l’école et un grand espoir d’amélioration de leur sort grâce à la réussite scolaire. Cependant, des contraintes objectives de toutes sortes empêchent la majorité des parents de faire un suivi scolaire à la hauteur des besoins des élèves et des attentes de l’école. En congruence avec la recherche dans d’autres contextes nationaux, la collaboration école-famille se révèle plus compliquée dans le cas des parents éloignés de la culture scolaire, et les parcours scolaires les plus problématiques sont ceux d’élèves dont l’encadrement parental se révèle plus faible. Dans le contexte d’Haïti, un fait demeure hautement préoccupant : l’incapacité de l’école de compenser la précarité des conditions de vie des élèves et des parents, par une mobilisation efficiente de son capital (engagement du personnel dans la réussite des élèves; disponibilité des infrastructures matérielles, pédagogiques, didactiques; formation continue des enseignants; etc.). Nous notons aussi un décalage dans les attentes réciproquement formulées par les différents acteurs. This research analyses the following problematic: school-family collaboration and school success in Haiti. By contrasting cases of diverse social and academic profiles, it examines the points of view of various actors involved in education, as much at the formal as at the informal level: 14 students, 7 teachers, 7 members involved in school leadership, 2 pedagogical counselors, and 6 others involved in schools (priests, psychologists, sociologist, doctor). A multiple-case ethno-biographical approach based on depth interviews allowed for the cross-referencing of these actors concerning the academic course of 14 students found in 8 different schools from both the private and public sectors, and with as many cases of success and of failure among the 14 students. In line with the problematic given at the beginning of this thesis, the participants in our research all confirmed the vulnerability of the Haitian social context and its repercussions on the school system: sociopolitical instability and insecurity, and socio-economic precariousness. This situation has transformed familiar structures. The school system, mostly private, is limited in its capacity to absorb students, in its human resources, in its material infrastructures, and in its programs for initial and ongoing training of its personnel. As such, it is a school system that can only support with difficulty the learning of its students. Besides that, the double-language situation (creole-french) found in society and in schools slows somewhat the progress of students.
Over and above what actors evoke as social elements that are at stake here, daily life in school appears, according to their conversations, as a place of resilience for the students, a place that inspires change and one that is key to all future social mobility. Nevertheless, education is part of a societal project wherein school success should mobilize the collaboration of all actors. There follows a need for a greater mobilization of the young themselves regarding the task of a student, and of shared understanding of parenting among protagonists. Results also show the importance of social synergy around school, one based on the cooperation of all to the benefit of student learning.
In Haiti, school-family collaboration is more complex that in other national contexts. Here, to begin with, families are the most important financial source of education in the country because of the hegemony of private schools and of the insufficient State support for the functioning of schools. Also, parents of students and their children, even those experiencing academic difficulty, place great trust in the school and have great hope of improving their lot thanks to success in school. However, objective constraints of all kinds prevent the majority of parents from following students academincally at the level of the needs of the students and of the expectations of the school. Congruent with research in other national contexts, school-family collaboration is shown to be more complicated in the case of parents distant from the school culture, and the most problematic school histories of students are those where parental support and concern seem to be the weakest. In the Haitian context, one fact remains as a major preoccupation: the incapacity of schools to compensate for the precariousness of the lives of students and parents by an efficient mobilization of their capital (commitment of personnel to the success of students; availability of material, pedagogical, and didactic infrastructures, ongoing training of teachers, etc.). We note, too, the differing levels of expectations reciprocally formulated.
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