Drawing in the margins : identity and subjectivity in contemporary autobiographical comics
Thèse ou mémoire
Résumé·s
Mon projet de thèse démontre comment le genre de la bande dessinée peut être mobilisé de façon à déstabiliser les idéologies identitaires dominantes dans un contexte autobiographique. À partir de théories contemporaines de récits de vie et de leurs emphase sur la construction du sujet au travers du processus autobiographique, j’explore les façons par lesquelles les propriétés formelles de la bande dessinée permettent aux artistes féminines et minoritaires d’affirmer leurs subjectivités et de s’opposer aux idéaux hégémoniques reliés à la représentation du genre, du traumatisme, de la sexualité, de l’ethnicité, et du handicap, en s’auto-incarnant à même la page de bande dessinée. Par une analyse visuelle formelle, ma thèse prouve que les esthétiques hyper-personnelles du dessin à la main découlant d’une forme ancrée dans l’instabilité générique et le (re)mixage continu des codes verbaux et visuels permettent aux artistes de déstabiliser les régimes de représentation conventionnels dans une danse complexe d’appropriation et de resignification qui demeure toujours ouverte à la création de nouveaux sens.
Suite à l’introduction, mon second chapitre explique la résistance de Julie Doucet par rapport aux plaisirs visuels découlant de la contemplation des femmes dans la bande dessinée par son utilisation du concept originairement misogyne de la matérialité féminine grotesque comme principe génératif à partir duquel elle articule une critique de la forme et du contenu des représentations normatives et restrictives du corps féminin. Le troisième chapitre considère la capacité de la bande dessinée à représenter le traumatisme, et se penche sur les efforts de Phoebe Gloeckner visant à faire face aux abus sexuels de son enfance par l’entremise d’un retour récursif sur des souvenirs visuels fondamentaux. Le chapitre suivant maintient que la nature sérielle de la bande dessinée, sa multimodalité et son association à la culture zine, fournissent à Ariel Schrag les outils nécessaires pour expérimenter sur les codes visuels et verbaux de façon à décrire et à affirmer le sens identitaire en flux de l’adolescent queer dans sa quadrilogie expérimentale Künstlerroman. Le cinquième chapitre suggère que l’artiste de provenance Libanaise Toufic El Rassi utilise la forme visuelle pour dénoncer les mécanismes générateurs de préjugés anti-Arabes, et qu’il affirme son identité grâce au pouvoir de rhétorique temporaire que lui procure l’incarnation d’un stéréotype connu. Mon dernier chapitre démontre comment Al Davison emploie la bande dessinée pour mettre en scène des rencontres d’observations dynamiques avec le spectateur implicite pouvant potentiellement aider l’auteur à éviter le regard objectivant généralement associé à la perception du handicap. This dissertation argues that the comics form can be mobilized to destabilize dominant notions of identity in an autobiographical context. Drawing on current theories of life writing that stress the construction of the self through the autobiographical process, it explores how the specific formal properties of comics provide opportunities for women and minority artists to assert subjectivity and contend with hegemonic ideas concerning the representation of gender, trauma, sexuality, ethnicity, and disability through the embodiment of the self on the comics page. Through formal visual analysis, the dissertation shows how the highly personal and hand-drawn aesthetics of a form that thrives on generic instability and the continual (re)mixing of verbal and visual codes allows artists to destabilize conventional representational schemes in a complex dance of appropriation and resignification that is always open to the creation of new meanings.
Following the introduction, Chapter 2 shows how Julie Doucet resists the visual pleasure associated with looking at women in comics by using the originally misogynistic concept of grotesque female materiality as a generative principle from where she articulates a critique in both form and content of normative and restricting representations of the female body. Chapter 3 examines the comics form’s ability to depict trauma, and focuses on Phoebe Gloeckner’s attempts to come to terms with childhood sexual abuse through a recursive return to key visual memories. Chapter 4 argues that the form’s serial nature, multimodality, and association with zine culture provides Ariel Schrag with the tools to experiment with visual and verbal codes in order to delineate and assert a sense of the in-flux and queer teenage self in an experimental four-volume Künstlerroman. Chapter 5 argues that Lebanese-born artist Toufic El Rassi uses the visual form to expose the mechanism behind the production of anti-Arab prejudice, and that he asserts personal identity through the temporary rhetorical power afforded by the inhabitation of a known stereotype. Chapter 6 shows how Al Davison employs the comics form to stage dynamic staring encounters with the implied observer that have the potential to help the author elude the objectifying gaze commonly associated with looking at disability.
Note·s
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