La chambre de Pandore : féminité et hybridité de l'espace chez Gaston Leroux
Thèse ou mémoire
2014-08 (octroi du grade: 2015-04-30)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
Littératures de langue françaiseRésumé·s
Le motif de la « chambre close », considéré comme emblématique du roman policier, a été exploité par de nombreux écrivains depuis le XIXe siècle. Chez les pères fondateurs du genre, tels Edgar Allan Poe et Arthur Conan Doyle, il s’est d’abord incarné sous une forme simple, celle d’un mécanisme permettant la mise en scène d’un « défi à la raison » (Christiane Cadet, 2008), avant de se complexifier à la Belle Époque. Sous la plume de Gaston Leroux, la simplicité cède la place à l’hybridité alors que la « chambre close », en s’emplissant d’un étonnant parfum de femme, devient le lieu où se croisent le crime et la passion, le privé et le public, la raison et la superstition. Dans Le Mystère de la chambre jaune (1907) et Le Fantôme de l’Opéra (1910), le romancier articule ses intrigues autour d’espaces atypiques, destinés à bouleverser les codes du genre policier.
Ce mémoire s’attache ainsi à la manière dont un roman populaire, malgré son recours à un motif largement exploité, peut déplacer et transgresser l’horizon d’attente auquel il est associé. Plutôt que d’être figée à la manière d’un cliché photographique, la « chambre close » évolue sans cesse dans les récits à l’étude. Influencée par le phénomène d’hybridité générique qui sous-tend les romans, elle se dote de nouvelles significations qui la singularisent par rapport à l’emploi qu’en ont fait les prédécesseurs. En s’intéressant, dans un premier temps, à la trajectoire empruntée par les corps féminins et à leur influence sur les décors et, dans un deuxième temps, à la manière dont l’espace canalise un certain imaginaire propre à la littérature du XIXe siècle, il s’agira de voir comment Leroux parvient à faire éclater les murs d’un lieu qui, jusqu’alors, était clos « comme un coffre-fort » (Gaston Leroux, 1925). The "locked room" concept, generally considered symbolic of detective fiction, has been used by many writers since the 19th century. Amongst the authors of the genre, it was integrated as a simple mechanism to generate a mental challenge for the reader (Thomas Narcejac, 1975). The concept became more complex with the advent of the Belle Époque. The "locked room", under Gaston Leroux’s influence, became the central place where crime and passion, public and private, reason and superstition meet, when filled with the perfume of a woman. In The Mystery of the Yellow Room (1907) and The Phantom of the Opera (1910), Gaston Leroux built his intrigues around atypical "locked rooms" with the intent of upending the codes of detective fiction.
This research focuses on the elements through which a popular novel can break its commonly associated expectations, despite the use of a widely exploited pattern. Instead of being frozen in time, the "locked room" is always evolving ; influenced by the novels’ underlying generic hybridity, it acquires new meanings that distinguish it from its predecessors. By first focusing on the path of female bodies and their influence on the decor, and then on the way the "locked room" reuses components associated with literature from the 19th century, we will see how Leroux manages to break the walls of a place that has been considered as closed as a safe (Gaston Leroux, 1925).
Ce document diffusé sur Papyrus est la propriété exclusive des titulaires des droits d'auteur et est protégé par la Loi sur le droit d'auteur (L.R.C. (1985), ch. C-42). Il peut être utilisé dans le cadre d'une utilisation équitable et non commerciale, à des fins d'étude privée ou de recherche, de critique ou de compte-rendu comme le prévoit la Loi. Pour toute autre utilisation, une autorisation écrite des titulaires des droits d'auteur sera nécessaire.