Winckelmann et ses désirs (presque) secrets : amour entre hommes et idéaux de la masculinité à l’ère néoclassique (1755-1768)
Thèse ou mémoire
2014-08 (octroi du grade: 2015-04-30)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
HistoireMots-clés
- Histoire
- Histoire de l’art
- Sexualité
- Homosexualité
- Homoérotisme
- Queer
- Genre
- Masculinité
- Italie
- Rome
- 18e siècle
- Néoclassicisme
- Lumières
- History
- Art history
- Sexuality
- Homosexuality
- Homoeroticism
- Gender
- Masculinity
- Italy
- 18th century
- Neoclassicism
- Enlightenment
- History - European / Histoire - Européenne (UMI : 0335)
Résumé·s
L’étude des œuvres et de la correspondance de Johann Joachim Winckelmann, produites entre 1755 et 1768, offre un regard nouveau sur l’amour entre hommes au 18e siècle et sur sa relation à la construction de la masculinité. Le cas de Winckelmann illustre le caractère construit et changeant de l’érotisme. En effet, l’influence de l’exemple hellénique est visible dans le fantasme homoérotique qu’il élabora dans ses œuvres dans le but de s’expliquer ses désirs. L’Antiquité, par son autorité culturelle, représenta un espace relativement sécuritaire où Winckelmann put exprimer sa sensibilité homoérotique à laquelle le contexte occidental était alors très défavorable : la littérature antique exaltait l’affection entre hommes et sa statuaire, le corps masculin nu. Le fantasme que fit Winckelmann fut capital pour sa compréhension et la justification de ses relations avec d’autres hommes, surtout après son arrivée en Italie en 1755. Loin de se cantonner à la répression de l’homoérotisme par la société européenne des Lumières, le cas de Winckelmann en illustre le potentiel d’intégration partielle. En effet, l’originalité de Winckelmann tient à sa façon de communiquer ses idéaux homoérotiques dans des textes savants, tout en rendant sa perception du beau masculin et son amour des hommes socialement acceptables. Enfin, plusieurs indices dans les œuvres et la correspondance de Winckelmann portent à penser qu’il était conscient de sa différence et qu’il se constitua entre 1755 et 1768 une communauté discrète d’hommes aussi sensibles aux désirs homoérotiques. Studying the works and letters of Johann Joachim Winckelmann written between 1755 and 1768 gives new insights on love between men in the 18th century and on its relation to the construction of masculinity. The case of Winckelmann illustrates the constructed and changing nature of eroticism: the influence of the Hellenic example is visible in the homoerotic fantasy that Winckelmann used to interpret his desires. Antiquity, given its cultural authority, represented a relatively safe space where Winckelmann was able to express his homoerotic sensibility to which the western context was hostile. Greek literature exalted the display of affection between men and its statuary, the nude male body. This fantasy would later prove to be the capital in Winckelmann’s comprehension and justifications of his relations with other men in Italy after 1755. Far from being confined to the repression of homoeroticism by the 18th century European society, the case of Winckelmann illustrates its potential for partial integration. The originality of Winckelmann lies in the way he used to communicate his homoerotic ideas in scholarly texts while rendering them socially acceptable. Finally, several clues in his works and letters bear to think that Winckelmann was aware of his difference and that between 1755 and 1768 he created for himself a discrete community of men also sensitive to homoerotic desires.
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