«Oroonoko» d'Aphra Behn en traduction française (1745-2009)
Thèse ou mémoire
2014-04 (octroi du grade: 2015-04-30)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
TraductionRésumé·s
Ce projet offre une analyse des traductions en langue française du roman d’Aphra Behn, Oronooko, or The Royal Slave (1688). Dans cette œuvre, la première femme à vivre de sa plume présente une des premières formulations du discours abolitionniste de la littérature anglaise et met au défi des idées reçues sur l’esclavage depuis le XVIIe siècle. Le texte a été traduit vers le français pour la première fois par Pierre-Antoine de La Place (Behn, 1745), dont l’interprétation s’inscrit dans la tradition des belles infidèles. Sa version connaît un succès fulgurant jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, avec de nombreuses rééditions parues entre 1745 et 1799. En 1990, Bernard Dhuicq publie une retraduction dans le but de faire connaître Behn aux lecteurs français du XXe siècle. En 2008, il contribue à la préparation d’une nouvelle édition de La Place, et une réédition de sa propre traduction parue en 1990. Pour sa part, Guillaume Villeneuve adapte le texte au lectorat francophone d’aujourd’hui avec une édition critique comprenant un important appareil critique publiée dans la collection « GF » des Éditions Flammarion en 2009. Les traductions de La Place, d’Dhuicq et de Villeneuve affichent chacune des variations par rapport à l’original, variations qui reflètent l’intention de ces traducteurs et de leurs éditeurs ainsi que les pratiques traductives et éditoriales de leur époque.. Cette étude montre notamment comment le récit de Behn a contribué à changer la conception occidentale de l’esclavage. Elle analyse la réception des propos idéologiques d’Oroonoko dans la culture littéraire et philosophique française, depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. À travers le cas Oronooko, le présent mémoire offre aussi une réflexion d’ordre méthodologique sur l’étude des retraductions dans une perspective historique. L’étude des retraductions vise aujourd’hui des objectifs plus vastes sur le plan historique que ne l’indique l’hypothèse du progrès en retraduction, selon laquelle un texte est retraduit pour être corrigé ou amélioré. Notre travail montre qu’en associant à l’étude des traductions celle de leur paratexte, de leur péritexte et des sujets (traducteurs et éditeurs) qui les produisent, et ce afin de resituer chaque retraduction dans son contexte historique propre, on parvient à faire entrer ces retraductions dans un dialogue interculturel et « transhistoriciste » (Nouss, 2007). This project offers an analysis of the French (re)translations of Aphra Behn’s novel Oroonoko, or The Royal Slave (1688). The first woman to make a living from her writing, Behn presented one of the first formulations of abolitionist discourse in English literature and challenged common preconceptions of slavery in the 17th century with Oroonoko. This text was first translated into French by translator Pierre-Antoine de La Place (Behn, 1745), whose interpretation is reminiscent of 16th-century France’s belles infidèles. La Place’s version was tremendously popular until the end of the 18th century, as evidenced by the many new editions published between 1745 and 1799. In 1990, Bernard Dhuicq published a retranslation with the aim of introducing Behn to 20th-century French readers. In 2008, he also signed a republication of La Place’s translation, and one of his own 1990 translation. Guillaume Villeneuve, the third French translator of Oroonoko, adapted the text to today’s French readers with a critical edition that included a vast scholarly apparatus and which was published in Flammarion’s popular “GF” collection. La Place, Dhuicq and Villeneuve’s translations all vary from the original, and reflect the translation and editorial practices of their time, as well as the aims of their respective translations. This project thus studies the variations in the translations in the French translation of Oroonoko in relation to the translation practices at the time in which they were written.
This project also provides clarifications on research methodologies that will be of use for case studies in retranslation and translation history. Indeed, the study of retranslation goes beyond the objectives defined by the retranslation hypothesis, which states that texts are often retranslated to be corrected or improved. In this study, it is shown that through studying the paratext, peritext, translations, translators and editors of particular works within their distinct historical contexts, it is possible to create an intercultural and “transhistorical” (Nouss, 2007) dialogue between them. Ultimately, this study demonstrates how Behn’s story has contributed to changing Western conceptions of slavery in French literary and philosophical culture from the 18th century until today.
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