La sous-traitance « boomerang » : l’influence des relations industrielles sur l’internalisation d’activités manufacturières confiées en sous-traitance
Thèse ou mémoire
2014-12 (octroi du grade: 2015-02-18)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
Relations industriellesMots-clés
- Sous-traitance
- Relations industrielles
- Internalisation
- Ressources de pouvoir syndicales
- Climat de travail
- Syndicat
- Secteur manufacturier
- Québec
- Subcontracting
- Industrial relations
- Internalization
- Union power resources
- Work climate
- Union
- Manufacturing sector
- Quebec
- Sociology - Industrial and Labor Relations / Sociologie - Travail et relations industrielles (UMI : 0629)
Résumé·s
Au cours de la dernière décennie, le secteur manufacturier québécois a subi d’importantes transformations. La mondialisation ayant amené les entreprises à restructurer leurs activités, 96% des établissements manufacturiers québécois ont choisi d’avoir recours à la sous-traitance (Jalette, 2004). Or, nous savons que l’octroi de contrats en sous-traitance est un processus qui se révèle parfois décevant pour les entreprises. En raison de l’évolution de certains facteurs organisationnels internes ou externes qui contribue à changer le contexte au sein duquel les décisions de sous-traitance avaient été prises initialement (ex. : augmentation des coûts de main-d’œuvre et de transport, changements technologiques), il arrive que les entreprises renversent les décisions de sous-traitance par une décision d’internalisation (OCDE, 2013). Le concept d’internalisation réfère ici à l’action d’une entreprise de ramener vers un établissement des activités de production qui avaient été antérieurement transférées en dehors de celui-ci, et ce, que ce soit en raison d’une sous-traitance d’activités à une entreprise indépendante ou d’une délocalisation au sein d’un autre établissement de l’entreprise (Jalette & Chevance, 2008).
La présente étude a pour objectif d’expliquer la décision managériale d’internalisation par le biais des dynamiques sociales inhérentes aux relations industrielles, en allant au-delà des seuls facteurs économiques. L’effet sur l’internalisation de quatre variables indépendantes liées aux relations industrielles est étudié, soit la capacité stratégique du syndicat local, la solidarité interne de l’acteur syndical local et sa solidarité externe, ainsi que le climat des relations patronales-syndicales. La typologie des positions syndicales de Jalette (2005), le modèle des ressources de pouvoir syndicales de Lévesque et Murray (2003) et les travaux de Dastmalchian (2008) traitant du climat des relations industrielles constituent le cadre théorique de cette recherche.
La présente étude utilise des données recueillies dans le cadre d’une enquête par questionnaire réalisée en 2005 auprès de présidents de syndicats locaux affiliés à la CSD et à la FTQ qui œuvrent dans le secteur manufacturier québécois. L’étude révèle que 24% des syndicats locaux sondés ont vécu l’internalisation d’activités antérieurement sous-traitées dans les deux années précédentes au sondage. De plus, les résultats sont à l’effet que les chances d’internalisation d’activités augmentent lorsque plusieurs stratégies et actions visant l’internalisation sont adoptées par le syndicat local, lorsque la vie syndicale d’un syndicat local s’améliore et lorsque le temps de libération syndicale d’un syndicat local augmente. Toutefois, les chances d’internalisation d’activités diminuent lorsque le rapport de force d’un syndical local augmente. L’internalisation d’activités diminue également lorsque le climat des relations du travail se détériore.
Bref, les résultats de cette recherche montrent que les syndicats n’ont pas qu’à subir la mondialisation et que, par leurs actions, ils sont à même d’en influencer le cours, notamment en favorisant l’internalisation d’activités antérieurement confiées en sous-traitance. In the last decade, the Quebec manufacturing sector has undergone major transformations. Since globalization has led companies to restructure their operations, 96% of Quebec's manufacturing plants have chosen to use outsourcing as a strategy (Jalette, 2004). However, we are now aware that subcontracting is sometimes a disappointing process for businesses. Due to the evolution of some internal or external organizational factors, that contribute to change the context in which the subcontracting decisions were initially taken (eg. increased costs of labor and transportation, technological changes), businesses sometimes choose to overturn outsourcing decisions by opting for internalization (OECD, 2013). The concept of internalization refers to the action of a company to bring back to a plant an activity that had previously been transferred outside of it whether due to outsourcing activities in an independent company or due to relocation to another facility within the same company (Jalette & Chevance, 2008).
This study aims to explain the managerial decision to internalize through social dynamics inherent to industrial relations, going beyond purely economic factors. The effect on internalization of four independent variables related to industrial relations is studied, namely the strategic capacity of the local union, the internal solidarity of the local union and its external solidarity, as well as the climate of labor-management relations. The theoretical framework of this research is made of Jalette’s typology of union positions (2005), Levesque and Murray’s union power resources model (2003), and the Dastmalchian (2008) work dealing with industrial relations climate.
This study uses data collected through a questionnaire survey conducted in 2005 among presidents of local unions within the Quebec’s manufacturing sector and affiliated with the CSD and the FTQ. The study reveals that 24% of respondents experienced internalization of previously subcontracted activities in the two years preceding the survey. In addition, the results show that chances of internalizing activities increase when multiple strategies and actions aiming towards internalization are adopted by the local union, when the union life of a local union improves, and when union leave time increases. However, chances of internalizing activities decrease when the local union’s power level increases. Internalization also decreases when the climate of labor relations deteriorates.
In short, the results of this research show that unions do not have to undergo globalization and, by their actions, they are able to influence its course, notably by promoting internalization of previously outsourced activities.
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