Verbaliser l’indicible : une étude de l’expérience de la «vibe» dans la scène underground-house de Montréal
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Ce mémoire propose une analyse du discours et de l’expérience corporelle des adeptes de la scène musicale électronique underground-house de Montréal. Il cherche à contribuer au champ des études sur les formations culturelles expressives contemporaines sur deux axes. Sur le plan méthodologique, cette recherche illustre la portée de l’entretien d’explicitation lorsqu’il s’agit d’accompagner la mise en mots d’impressions sensorielles, d’émotions, de pensées ou d’actions. Combinée à une démarche immersive de longue haleine sur le terrain, cette méthode innovante développée par le chercheur Pierre Vermersch (1994) s’avère ici un outil rigoureux donnant accès à la mémoire incarnée des sujets, laquelle regorge d’informations d’une étonnante précision. Sur le plan ethnographique, cette étude s’intéresse aux nouveaux espaces de solidarité et d’expression balisant l’expérience des Québécois de parents haïtiens issus des classes moyenne et moyenne élevée. Les résultats de cette recherche démontrent, en premier lieu, que l’expérience de la « vibe », expression idiomatique largement utilisée par les acteurs, constitue la clé de voûte maintenant la cohésion entre les représentations, les croyances et les activités corporelles des participants. En deuxième lieu, la scène underground-house se présenterait comme l’expression d’une nouvelle contre-culture en établissant une distance critique avec, d’une part, la « culture hip hop » commerciale et sa représentation médiatique « ghettoïsée » et, d’autre part, l’espace culturel dominant en promouvant une expérience de corps et d’esprit subversive. Cet espace de transmission et de communion inédit propose des modèles de sociabilités nouveaux qui contribuent de manière inusuelle au dialogue interculturel urbain montréalais. This thesis examines the discourses and embodied experiences of participants from the underground electronic house music scene in Montreal. In this empirical study, I aim to provide a twofold contribution to the field of studies on contemporary expressive cultural formations. First, on the methodological standpoint, this research illustrates the scope of the « explicitation » interview—a method of retrospective introspection developed by French researcher Pierre Vermersch (1994)—in assisting informants in the process of putting sensory impressions, emotions, thoughts or actions into words. Combined with a long-term immersive approach in the field, I argue that this innovative method proved to be a rigorous tool, which allowed participants to access and verbalize embodied memories with unprecedented accuracy. Second, this ethnographic study sheds light on new social spaces of solidarity and expression created by middle and upper middle class Quebecers of Haitian origin. The results of this research show, firstly, that the "vibe"—an idiomatic expression widely used by the househeads to qualify their experience—is a conceptual cornerstone that maintains cohesion between the representations, beliefs and bodily practices of the participants. Secondly, the study demonstrates that this cultural formation stands as a new expression of counter-cultural space, which establishes a critical distance from both the commercialised "hip hop culture" as well as the dominant (mainstream) cultural space by promoting a subversive bodily and spiritual experience. This unique site of transmission and communion creates new models of sociability and contributes in an unusual way to the intercultural urban dialogue in Montreal.
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