Résumé·s
L’objectif principal de ce mémoire est d’approfondir l’état des connaissances au niveau des explications sociales des problèmes de santé mentale au sein de la main-d’œuvre. Il porte plus particulièrement sur le rôle médiateur du conflit travail-famille dans la séquence causale entre les conditions de l’organisation du travail et le développement des symptômes dépressifs. Les analyses nécessaires pour cette étude ont été effectuées à partir de données issues de l’enquête SALVEO qui portait sur les déterminants de la santé mentale au travail dans la population canadienne.
Les analyses de cheminement de causalité multiniveaux ont révélé que le conflit travail-famille était significativement associé aux symptômes dépressifs. Cependant, les résultats ne permettaient pas de conclure que l’effet de toutes les conditions de l’organisation du travail était totalement médiatisé par le conflit travail-famille. Les résultats issus d’une démarche exploratoire indiquent néanmoins que certaines associations entre les conditions de l’organisation du travail et les symptômes dépressifs sont complètement médiatisées, que certaines sont partiellement médiatisées et que certaines sont associées directement avec les symptômes dépressifs.
L’effet des demandes psychologiques, des heures de travail, de l’horaire de travail, du soutien des collègues et du revenu professionnel est complètement capturé par le conflit travail-famille. L’association entre l’insécurité d’emploi et les symptômes dépressifs est plutôt médiatisée partiellement. C'est-à-dire qu’une partie de l’effet de cette condition de travail agit directement sur les symptômes dépressifs, tandis qu’une partie de l’effet est indirect et passe par le conflit travail-famille. Par conséquent, ces résultats invitent les recherches futures ainsi que les interventions en entreprise à considérer le rôle central et complexe du conflit travail-famille dans la relation entre les conditions de l’organisation du travail et les symptômes dépressifs.
The main objective of this master’s thesis is to advance the state of knowledge in social explanations of mental health problems in the workforce. It focuses on the mediating effect of work-family conflict in a causal sequence between the conditions of work organization and the development of depressive symptoms. The statistical analyses required for this study were performed using data from the SALVEO’s survey on determinants of mental health in the Canadian population.
Multilevel path analysis supported that work-family conflict relate significantly with more depressive symptoms. However, the results did not suggest that work-family conflict fully mediated the relation between work organization conditions and depressive symptoms. Nevertheless, in an exploratory approach, some associations between the work organization conditions and depressive symptoms were completely mediated, some were partially mediated and some were only associated with depressive symptoms.
Psychological demands, hours worked, work schedule, coworkers support and professional income were fully mediated by work-family conflict. Furthermore, work-family conflict partially mediated the relationship between job insecurity and depressive symptoms. Part of the effect of job insecurity was direct, while part of the effect was indirect through work-family conflicts. Therefore, these findings suggest that future researches and organizational interventions need a more complete understanding of the relationship between work organization and depressive symptoms, which can be achieved if work-family conflict is considered as a mediator in this dynamic.