Reconnaître pour choisir, orienter et rencontrer : mères, guérisseurs et biomédecins à l’épreuve des rencontres et reconnaissances en milieux pédiatriques camerounais
Thesis or Dissertation
2014-01 (degree granted: 2014-03-03)
Author(s)
Advisor(s)
Level
DoctoralDiscipline
AnthropologieKeywords
- Anthropologie
- Santé de la mère et de l’enfant
- Rencontre
- Reconnaissance
- Informelle
- Capacités et compétences
- Renforcement de la légitimité
- Rationalités
- Médecines africaines
- Biomédecine
- Anthropology
- Mother and child health
- Encounter
- Recognition
- Informal
- Capacity
- Empowerment
- Rationalities
- African medicines
- Biomedicine
- Anthropology - Medical and Forensic / Anthropologie - Médicale et légale (UMI : 0339)
Abstract(s)
Si hier les guérisseurs revendiquaient uniquement le besoin de reconnaissance, aujourd’hui, ils se battent plutôt pour que la reconnaissance qui leur a été accordée par l’État soit capable d’intégrer les conceptions africaines de la maladie et des thérapies ; de les protéger au même titre que les biomédecins dans l’exercice de leur profession ; de protéger les malades en cas de préjudices moral et physique. Ils craignent que la reconnaissance [accordée] ne soit pas reconnue juridiquement par une loi camerounaise qui régule leurs pratiques de soins. Dans la mesure où, sans une reconnaissance juridique et institutionnelle, il leur est impossible de se maintenir dans l’espace [public] de sociabilité thérapeutique ; de changer, à partir de la position illégitime, leurs conditions de praticiens précaires, et surtout leur relation aux usagers de soins [les mères] et aux biomédecins. Dans cette perspective, on se demande quelles sont les modalités d’intéressement ou de désintéressement mutuel qui permettent aux guérisseurs – affaiblis institutionnellement – et aux biomédecins – fortement reconnus – d’évoluer vers une réciprocité de perspectives. L’étude cherche à identifier les modes d’arrachement à l’affaiblissement institutionnel, en s’intéressant, d’un côté, aux processus de capacitation et de renforcement de la légitimité ; et de l’autre, à l’impact de ce renforcement, d’abord, sur la redéfinition des objets et figures de la rencontre et de la reconnaissance, et ensuite, sur la reconfiguration de l’espace de soins et du profil du thérapeute camerounais contemporain. Pour répondre à cet objectif, nous avons sollicité le cadre théorique de la sociologie des épreuves d’inspiration pragmatiste [Thévenot, Boltanski, Gennard et Cantelli] et de l’anthropologie capacitaire [Ricœur]. Les observations de consultations en Maisons de Soins [chez les guérisseurs] et au Centre Mère et Enfant [Hôpital pédiatrique] et les entretiens individuels effectués à Yaoundé [Cameroun] ont engendré une réflexion sur le sens que donnent les mères, guérisseurs et biomédecins au fait de rencontrer ou de refuser de rencontrer un soignant. L’analyse des données recueillies inscrit la rencontre dans l’axe de la reconnaissance capacitaire [des compétences], permettant ainsi d’envisager une pluralité de figures de la reconnaissance et de la rencontre. Elle indique aussi que si la formation à l’identité professionnelle biomédicale constitue pour les guérisseurs une tactique de renforcement de leur légitimité, l’inscription en médecines africaines de certains biomédecins [résistants ou non conformistes] les prédisposent à une résistance institutionnelle aux normes biomédicales ; ce qui permet de nuancer, au regard de la pluralisation et de la diversification des rationalités en jeu, la compréhension du caractère
monolithique des institutions. Il en résulte une réflexion sur le brouillage des frontières entre les médecines africaines et la biomédecine, ce brouillage ayant alors comme conséquences, entre autres, une possible fragmentation ou morcellement de ces médecines en termes de «biomodernisation» des médecines africaines et de «traditionalisation» de la biomédecine en contexte africain. If yesterday the need for recognition was the core claim among traditional health practitioners, today, their quest resides in the recognition not only of their practice but also of the African conceptions of diseases and therapies; in their protection as profesionnals (such as biomedical health practictioners); in the protection of patients in case of moral or physical prejudices. The traditional health practitioners fear that their recognition will not extend to or be sanctioned by Cameroonian law, which regulates their care practices. Without legal and institutional recognition, it is impossible for these practitioners to remain in the social care space; to change, from their illegitimate position, their condition of precarious practitioners, and especially their relationship to biomedical health practitioners. Thus, what are the modalities of mutual interestedness or disinterestedness that allow traditional [institutionally weakened] and biomedical practitioners [strongly recognized] to evolve towards reciprocity of perspectives? The study is seeking to identify modes of wrenching from the institutional weakening, focusing, on one hand, on empowerment and reinforcing processes of healers’ legitimacy; and on the other hand, to the impact of empowerment on the redefinition of objects and figures of encounter and of recognition, on the reconfiguration of social care space and the profile of the therapist. To achieve this objective, we have sought the reference framework of sociology of proofs and the anthropology of capacity of Ricœur. The observations of consultations in «Maisons de Soins» and to the «Centre Mère et Enfant» and interviews have led to a reflection on the interpretation associated by mothers, traditional and biomedical health practitioners to what it means to consult or refuse to consult traditional healer or biomedical practitioner. The analysis of data situates the encounter in the axis of capacity of recognition, allowing us to consider multiple figures of recognition and of encounter. It shows that if the adoption of the biomedical professional identity constitutes for traditional health practitioners a tactic of reinforcement of their legitimacy, the integration in African medicines of some biomedical health practitioners predispose them to an institutional resistance to biomedical norms; making it possible to nuance the comprehension of the monolithic character of institutions, given pluralization and diversification of rationalities at stake. This results in a reflection on blurring of frontiers of African medicines and biomedicine, thus giving place to a possible fragmentation of these medicines in terms in terms of biomodernization of African medicines and traditionalization of biomedicine.
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