Le développement récent des trois "petites" télévisions francophones de Suisse, de Belgique et du Québec, convergence ou divergence?
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Dans le cadre d’une sociologie des organisations portant sur les liens entre organisations télévisuelles et environnement, la présente thèse a pour objectif de cerner les modalités du développement récent de la télévision au Québec en le comparant à celui de la Belgique francophone et de la Suisse. Une telle comparaison repose sur un principe méthodologique simple: on cerne d’autant mieux la réalité que l’on étudie si on peut la comparer à une réalité équivalente d’autres sociétés.
En s’appuyant sur des théories de développement organisationnel reliées au courant néo-fonctionnaliste et en adaptant des « histoires de cas » d’études organisationnelles à la réalité télévisuelle des années 90 et 2000, le chercheur a mis au point une grille de classification des données permettant d’étudier les composantes du développement de la télévision dans trois « petites » sociétés industrialisées. Dans un premier temps, il a pu constater une augmentation très importante du nombre de chaînes de télévision par rapport à ce qu’il était dans les années 50 à 70, le tout encadré par les autorités réglementaires en place. Par la suite, dans chacune de ces trois sociétés et sur une période de vingt-cinq ans, il a pu préciser les interactions et échanges entre organisations télévisuelles et environnement lesquels ont été, selon les cas, harmonieux, difficiles, voire même conflictuels.
Après avoir comparé les modalités d’une telle augmentation entre les trois sociétés, le chercheur a pu constater une convergence de surface. On note bien quelques similitudes entre les trois sociétés, mais, surtout, chacune d’entre elles est restée sur son quant-à-soi. En Suisse, l’importance accordée au consensus social a favorisé un développement équilibré de l’augmentation des chaines. En Belgique, pays aux divisions profondes constamment réaffirmées, les oppositions ont permis, malgré tout, l’édification d’un ensemble audiovisuel relativement stable. Au Québec, avec une augmentation exponentielle du nombre de chaines, on a assisté à un véritable surdéveloppement de la télévision encouragé et planifié par les autorités gouvernementales canadiennes en réaction à un supposé envahissement culturel américain.
Le CRTC, la régie des ondes canadiennes, a pesé de tout son poids pour favoriser l’augmentation du contenu canadien et de la production locale. Par ailleurs, cette augmentation s’est faite avec des ressources limitées. On en fait trop avec trop peu. C’est ce qui permettrait d’expliquer la baisse de qualité de la télévision québécoise contemporaine.
Comme élément de solution aux problèmes que la télévision québécoise connait présentement, il faudrait considérer cette dernière pour ce qu’elle est véritablement: une petite télévision dans un univers industriellement hautement développé. Si une telle conception est très bien acceptée aussi bien en Belgique qu’en Suisse, elle ne l’est pas au Québec The following thesis is an organizational analysis of the recent development of television in Switzerland, French Belgium and Québec. The main interactions between different television organisations of these three societies are studied to understand how each of them coped with the very important increase of television channels that most of the industrialized countries have encountered in the last twenty-five years or so. This organizational study is based upon the following principle: one may more easily grasp the specifics of a given society when it is compared to similar specifics of other societies. By considering the development of television as a social itinerary in each of these three societies, it becomes possible to see how values, interests, coalitions as well as conflicts played a vital role in a new multi-channels television environment.
In so doing, the inevitable comparison between Canadian and American television so often made in Canada is avoided. The gap is so big between these two countries that, for once, it is worth using units of comparisons of about the same size.
At the end of this study, it becomes clear that regulatory bodies in each of the three societies set out policies and guidelines to strongly encourage more existing television channels. Accordingly, a certain convergence between these three societies does exist and the popular belief that a given market was left to itself in a new television environment cannot be no longer sustained. However, if there are some elements of convergence, elements of divergence are much more important. In Switzerland, the increase of television channels was made in an orderly manner since consensus between all kinds of organizations is a vital part of Swiss way of life. In Belgium, since conflicts are the fundamentals of the everyday life among political parties, cultural and linguistic communities, oppositions remained very important in this increase of television channels. However, one must recognize as an end result that, surprisingly, the whole television environment stays rather stable.
Québec had a development of its own. CRTC, the Canadian regulatory body, is mainly responsible for an overdevelopment of Québec television since the television environment in Québec counts a surprisingly high number of television channels for such a small industrialized society. The whole thing was deliberately planned by CRTC as an answer to an everlasting Canadian fear: an American cultural invasion, a “danger” that yet has to be proven. However, this overdevelopment of television did not come with increased resources to support so many television channels. Québec television offers too much with too little. This might explain a certain loss of quality observed in Québec television over the recent years.
Things would probably be much easier if, for once, Québec television was considered for what it is: a small television in a highly developed and industrialized world. If that kind of consideration goes without saying in Switzerland and Belgium, it still is not the case in Québec.
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